Les loups éradiqués par l’homme
A la fin du XIXème siècle, les attaques sur le bétail conjuguées à la peur collective suscitée par le loup ouvrent la voie à une longue période d’extermination du canidé. Des battues sont organisées. En 1883, par exemple, ce sont presque 1500 loups qui sont abattus, piégés ou empoisonnés. Des louvetiers nommés par les pouvoirs publics s’acquittèrent de cette tâche avec beaucoup d’efficacité. Dans l’entre deux guerres, il n’y a plus de loups en France.
C’est en 1992 que cette histoire connaît un drôle de rebondissement. Deux loups gris venus d’Italie sont aperçus dans le Parc du Mercantour. En 2000, on estimait à quelques dizaines le nombre de loups présents dans le sud des Alpes. Dix ans plus tard, ils sont près de 200. Aujourd’hui, ils sont 360, peut-être 500. Entre les différentes sources, difficile d’avoir de vraies certitudes sur le nombre tant la désinformation peut-être de mise. Quoiqu’il en soit, les scientifiques sont certains de deux aspects : l’expansion et l’essaimage de la population de loups.
Une population en expansion
La population est en croissance, à un rythme relativement soutenu. Entre 2016 et 2017, les spécialistes évoquent +23%, en prenant garde de préciser que de nombreux facteurs entrent en jeu dans cette évolution et que rien n’indique qu’elle sera similaire dans les années à venir. Dans le même temps, le taux de mortalité du loup (toutes causes confondues, abattages compris) semble se stabiliser aux alentours de 22%, loin du seuil de 34% à partir duquel l’espèce connaîtrait un recul. Cette faible mortalité est dépendante du statut du loup, espèce protégée dont le tir n’est possible que sur ordre de l’état ou de ses représentant.
Une dispersion large
S’ils ne nagent pas assez bien pour s’installer en Corse, les loups vont à la conquête de nouveaux territoires. Ils bougent naturellement à la recherche de nouvelles sources de nourriture mais également pour chercher à se reproduire en limitant au maximum les risques de consanguinité. Désormais loin de se limiter au seul Mercantour, ils sont présents dans tous les massifs montagneux et même au-delà dans de nombreuses régions de plaines. Aujourd’hui, il n’y a qu’en Bretagne et au Sud de la Normandie que personne n’a croisé un loup.
Si l’on peut se réjouir du retour de cette population jadis exterminée, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les attaques sur les troupeaux sont en nette augmentation. Comme au XIXème siècle. En 2000, on dénombrait quelques 1,500 brebis tuées par des loups. En 2016, il s’agit de près de 9,800 cas recensés. A l’échelle du cheptel ovin français (quelques 7,500,000 bêtes), c’est évidemment marginal. Mais ces attaques concentrées sur quelques exploitations ont un impact fort sur les troupeaux concernés et fragilisent un peu plus les petits éleveurs.
Le Ministère de la Transition Écologique souhaite remettre le sujet sur la table cet automne. Affaire à suivre.
EN SAVOIR PLUS > 1 Observatoire du loup (pas vraiment anti-loups) > 2 Association Ferus (les pro-loups) > 3 Le Ministre s'engage