Un chantier entamé dans les années 70
1997. Il y a 20 ans, le premier Gypaète barbu né dans les montagnes françaises prenait son envol. C’est 20 ans plus tôt que ses parents avaient été réintroduits dans le massif du Bargy, en Haute-Savoie. Cette espèce de gros vautour avait disparu au début du siècle, pourchassé par l’homme qui le prenait pour un démon. Il faut dire que l’oiseau est impressionnant. Avec une envergure de près de 3 mètres et une habitude à se baigner dans des mares de boues ferrugineuses, il a longtemps fait peur.
C’est en captivité que l’espèce a repris du poil (des plumes) de la bête. Dans un zoo autrichien. Et les réintroductions ont commencé, dès les années 70. Particulièrement sensible au bruit, le gypaète est désormais pris au sérieux. Pour preuve, les pilotes d’avions et d’hélicoptères de l’armée française formés pour ne pas s’approcher des zones de nidification.
Aujourd’hui, on retrouve des individus dans les Alpes, en Corse mais surtout dans les Pyrénées. Une cinquantaine de couples au total. La population est en croissance mais sa reproduction est incertaine. Il faut très peu de chose pour déranger l’animal pendant sa période de reproduction. Si bien que nombreux sont les poussins qui ne prennent jamais leur envol. Si les parents prennent peur, ils abandonneront le nid, et le poussin avec. Chaque couple ne peut élever qu’un seul poussin par an. Et il ne commence pas à se reproduire avant 6-8 ans.
La loi tente de protéger l’oiseau. Si vous approchez un site de nidification et dérangez un gypaete, vous encourez jusqu’à 15,000 € d’amende et 1 an de prison.
Un lâcher ? pas si simple…
Avec 16 poussins envolés pour le seul été 2017 dans les Pyrénées, l’espoir est là. D’autant que les lâchers continuent. Cette année, une douzaine d’oiseaux a été relâchée en France, ils ont presque tous survécu à cette opération. On s’imagine une cage que l’on ouvre en souhaitant bonne chance à l’oiseau, c’est hélas bien plus compliqué.
Les rapaces sont relâchés avant de savoir voler, à 90 jours environ. Habitués à être nourri par des soigneurs, ils devront apprendre à chasser. Pendant les premiers temps, on continue à les nourrir, sur l’aire de nidification artificielle installée dans la montagne. Petit à petit, la quantité de nourriture diminue. Les oiseaux sont de fait encouragés à aller en chercher ailleurs. C’est ainsi qu’ils vont apprendre à voler. Pendant plusieurs mois, les vols seront incertains et dangereux. Puis petit à petit, ils gagneront en confiance.
Malgré ces efforts qui durent depuis maintenant près de 30 ans, l’espèce est toujours considérée comme quasi-menacée dans le monde.
EN SAVOIR PLUS 1. Visite d’un élevage de gypaètes en Autriche 2. Répartition des gypaètes dans le monde