Accordée aux Alpes françaises sous réserve de garanties financières à venir, l’organisation des Jeux Olympiques de 2030 fait grincer des dents. Un des arguments qui revient fréquemment dans le discours des opposants à cet événement est le manque de neige à prévoir en 2030. Mais qu’en est-il ? Les Alpes françaises manqueront-elles dramatiquement de neige dans 6 ans ? Eléments de réponse.
Avec près d’un mois d’enneigement perdu en basse et moyenne montagne sur le dernier demi-siècle, la question du recul de la neige n’est pas un mirage. Les Alpes se réchauffent à grande vitesse, un peu plus vite que le reste du territoire français. Mais les spécialistes du climat sont formels. Dans 6 ans, les changements ne devraient pas être radicaux par comparaison avec les derniers hivers écoulés. Pour autant, l’évolution du climat génère une variabilité très forte des conditions. Les saisons hivernales sont beaucoup moins « régulières » que plusieurs décennies en arrière. A condition d’être à une altitude suffisante, la neige finit par arriver mais pas toujours quand on en a « besoin ». Plusieurs courses de ski ont été annulées ces derniers mois notamment pour des questions d’enneigement et de météo très instable.
Enneigement en 2030 : se préparer à une variabilité forte
Pour organiser un événement planétaire qui ne peut se passer de neige, il faudra donc trouver des moyens pour garantir l’enneigement. Stockage de neige de l’hiver précédent (snowfarming), fabrication de neige de culture dans des zones où les conditions le permettent. Dans un contexte de jeux « durables » dixit le Président de la République, on imagine mal le recours à des canons à neige fonctionnant à des températures positives. Ces machines sont utilisées dans certaines stations françaises, d’autres ont annoncé y renoncer. On les a vu faire leurs preuves sur de grands événements sportifs, comme aux J.O. de Sotchi. Avec une consommation d’énergie nettement plus élevée que les « canons traditionnels ».
Certains sites plus à risques que d’autres
La question sera d’autant plus prégnante sur les sites les moins élevés en altitude. Comme sur le stade de biathlon du Grand Bornand à 950m. Ou les pistes de ski de fond de La Clusaz à 1.450m d’altitude. Des fosses de snowfarming sont d’ores et déjà en projet au Grand Bornand pour sécuriser l’enneigement et limiter les transports de neige en camion. Quant aux domaines d’altitude, notamment en Savoie, ils ne souffrent guère de manque de neige au cœur de l’hiver. D’autant qu’ils sont d’ores et déjà largement équipés en capacité à produire de la neige notamment grâce à de généreux financements publics. A l’heure actuelle, même quand la neige « naturelle » est tombée en abondance, la neige de culture reste un ingrédient incontournable de toute épreuve d’ampleur. Ce n’est pas près de changer.
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