Les opérateurs de domaines skiables sont réunis en congrès à Grenoble. A cette occasion, ils partagent un « plan ambitieux » pour réduire leur impact sur l’environnement. 16 éco-engagements « votés à l’unanimité » qui constituent un socle commun à toute une profession.
C’est « un sujet qui a longtemps été tabou chez nous » explique Alexandre Maulin, président de Domaines Skiables de France (DSF). Mais l’éco-responsabilité est désormais une priorité pour les opérateurs de domaines skiables. « Nous avons une responsabilité (…) des emplois directs (…) des générations complètes qui ne fuient plus leur territoire (…) grâce au ski » poursuit-il. Les domaines skiables comptent bien prendre leur part dans l’inversion de la courbe des émissions de gaz à effet de serre. C’est dans cette optique que les exploitants se sont engagés sur 16 démarches concrètes, 16 éco-engagements. Certaines pratiques sont déjà en place dans plusieurs stations. D’autres comptent sur la bonne volonté de tiers (constructeurs de dameuses, collectivités). La volonté d’étendre ces actions et d’aller plus loin semble être de rigueur. Voici le détail des engagements.
Des engagements liés au Climat et à l’Energie
La cible est la neutralité carbone à horizon 2037 [Engagement n°1] : « ne plus émettre un gramme de CO2 bien avant les espérances de la COP21 ». Sur les domaines skiables, le gros de l’émission de CO2 provient des engins de damage. Sur cet aspect, les domaines soutiennent les constructeurs dans leur développement de dameuses à hydrogènes [Engagement n°2]. Ils se veulent également soutiens des collectivités dans la création de sources d’hydrogène décarboné [Engagement n°3]. En lien avec les constructeurs, DSF indique que « d’ici 3 à 4 ans, les premiers prototypes de dameuses pourraient voir le jour ».
Bien plus rapidement, ils s’engagent à former d’ici 5 ans la totalité des conducteurs de damage à l’éco-conduite [Engagement n°4]. Formation également de tous les conducteurs de télésièges et autres télécabines à l’éco-conduite : « jusqu’à 20% de baisse de la consommation est envisageable » [Engagement n°5]. Autre volonté, celle de fermer certaines remontées mécaniques quand la fréquentation est moindre, sans limiter le nombre de pistes ouvertes [Engagement n°6].
Des engagements en faveur de l’eau et de l’agriculture
L’idée est de favoriser les projets de stockage d’eau pour privilégier les prélèvements « quand l’eau est en surabondance » et viser l’absence de prélèvement « dans les période d’étiage » [Engagement n°7]. Toutes les stations utilisant plus de 6 dameuses devront les équiper de systèmes GPS pour mieux connaitre l’épaisseur du manteau neigeux et réduire les besoins en neige de culture. « Jusqu’à 15% de ressources » pourraient ainsi être économisées [Engagement n°8]. Autre idée, celle du partage de cette eau stockée avec les agriculteurs qui peuvent souffrir du manque d’eau à certaines périodes [Engagement n°9].
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Des engagements en faveur de la Biodiversité
Deux aspects : Dresser un inventaire écologique pour « connaitre zone par zone toutes les espèces présentes ». Notamment dans le but de ne pas perturber les espèces dans les projets de travaux par exemple [Engagement n°10]. Et d’ici 5 ans, signaler tous les câbles dans les habitats des Tétras Lyre et Grands Tétras pour que les oiseaux ne se blessent plus sur les lignes de remontées [Engagement n°11].
Des engagements sur les paysages
Les domaines skiables s’engagent à « 100% de végétalisation » après terrassement dans les zones herbeuses ou d’alpages [Engagement n°12]. Ainsi qu’à l’utilisation de semences endémiques sur ces travaux de revégétalisation [Engagement n°13]. Ils veulent aussi que trois installations obsolètes soient retirées chaque année dès 2023 [Engagement n°14]. « Accélérer le démontage de ces friches industrielles » explicite Alexandre Maulin. « Quelques dizaines de remontées obsolètes » chiffre Laurent Reynaud, Délégué Général de Domaines Skiables de France.
Des engagements sur la gestion des Déchets
Dans chaque station, les domaines skiables organiseront au moins une opération de ramassage des déchets par an. Aujourd’hui, ces événements sont généralement mis sur pieds à l’initiative d’associations et de bénévoles et ne concernent que certaines stations [Engagement n°15].
Il est également question d’opérations de sensibilisation à la réduction des déchets dans chaque station [Engagement n°16].
Mais ce n’est pas tout…
Ces éco-engagements constituent une étape. « Nous savons que nous irons plus loin (…) c’est une première phase, et nous rendrons des comptes » précise Alexandre Maulin. Il a également conscience que la pollution générée par les stations n’est pas que le fait des domaines skiables. Mais aussi des hébergements et surtout du transport vers les stations. « Nous ne sommes pas maitres de ces chantiers. Mais nous sommes prêts à accompagner ! » affirme-t-il.
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