Le projet de la mine Pebble n’est pas nouveau. Le gisement d’or et de cuivre (entre autres) a été découvert dans les années 1980. A quelques 300 kilomètres d’Anchorage, Alaska. L’estimation des gains potentiels a de quoi susciter de l’intérêt… Près de 250 milliards d’Euros de minéraux pourraient être extraits du site en une vingtaine d’années. Un tel projet pourrait créer quelques 1.000 emplois dans une région qui en manque cruellement. La société canadienne qui pilote le projet promet également de bâtir des infrastructures pour les habitants. On pourrait donc penser les autochtones tout acquis à la cause de cette mine géante.
Oppositions vives au projet de mine
Et pourtant non, les oppositions sont vives. Car au pied du Mont Iliamna, on craint les répercussions sur la seule ressource de la région : le saumon. Il est pêché en tant que principale source d’alimentation des habitants mais c’est aussi la seule industrie de cette région. Dans l’immense Baie de Bristol, le saumon emploie presque 15.000 personnes. La mine serait construite à proximité des rivières où les poissons viennent se reproduire. La menace que des métaux lourds et différents contaminants se glissent dans ces eaux n’est pas neutre. Notamment à cause du risque sismique, assez élevé dans la région.
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C’est sur ces bases que l’administration Obama avait gelé le projet. Mais son successeur, D. Trump, a levé ce blocage, permettant au projet d’avancer comme l’explique le LA Times (en anglais). « Le volte-face officiel concernant ce projet âprement contesté incarne la politique environnementale sous l’ère Trump, qui a méthodiquement démantelé nombre des actions de son prédécesseur sur le changement climatique, la préservation de l’environnement et la lutte contre la pollution. » rappelle le Washington Post (en anglais). Malgré cette décision, les doutes sont toujours là, y compris au sein de certains agences fédérales.
Un avis imminent et des dissensions locales à venir
Un avis final du Corps de Génie de l’armée américaine est attendu sous peu. En l’état, il a de fortes chances d’être favorable. L’avis préliminaire rendu il y a quelques jours allait dans ce sens. Reste que plusieurs communautés autochtones risquent ensuite de s’affronter. Certaines, propriétaires de terres sur le passage de la route ou des pipelines, voulant bloquer le projet. D’autres, prévoyant les retombées financières, voulant à tout prix qu’il aboutisse. Les opportunités sont rares dans la région, passée à côté du boom de l’exploitation du pétrole. Sans un tel projet, l’avenir économique de la région sera sombre, prédisent les soutiens de la mine. Avec des saumons contaminés ou moins nombreux, il risque pourtant d’être encore plus sombre, affirment les opposants…
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En savoir plus : un projet aux dimensions titanesques Une carrière de quelques 260 hectares de surface et 500 mètres de profondeur. De grands bassins à l’air libre pour les résidus en partie toxique. Une route de 130 kilomètres pour relier la mine à la civilisation. Un pipeline le long de la route pour acheminer le minerai jusqu’au port. Et même 260km de pipelines sous-marins pour alimenter les lieux en gaz naturel. De quoi produire l’électricité nécessaire à l’exploitation de la mine.
Illustrations Mont Liamna © NPS