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Gabriel Bonvalot en Himalaya : un pionnier français sur les toits du monde

A la fin du XIXème siècle, Gabriel Bonvalot et le Prince d’Orléans partent à l’aventure en direction de l’Asie centrale et de l’Himalaya.

Explorateur audacieux et figure majeure de l’exploration française du XIXe siècle, Gabriel Bonvalot (1853–1933) est surtout connu pour ses traversées de l’Asie centrale et de l’Himalaya. A une époque où ces régions restaient encore largement inaccessibles aux Occidentaux. Fin connaisseur des enjeux coloniaux et géographiques de son temps, Bonvalot avait une double ambition : étendre la présence scientifique française en Asie et rivaliser avec les grandes puissances européennes dans la course à la découverte des confins de l’Eurasie. Membre de la Société de géographie, il obtint plusieurs soutiens publics pour ses voyages. Notamment ceux de Jules Ferry et du prince Henri d’Orléans, avec qui il mènera l’une de ses plus célèbres expéditions.

C’est en 1889–1890 que Gabriel Bonvalot entreprend sa grande traversée de l’Asie centrale jusqu’aux contreforts de l’Himalaya, une expédition financée en partie par le gouvernement français et la presse. Accompagné du prince Henri d’Orléans, il quitte Samarkand pour une odyssée terrestre de plusieurs milliers de kilomètres. Il traverse le Pamir, le Karakoram, le Tibet, et jusqu’à Lhassa, capitale du monde lamaïste alors interdite aux étrangers. Refoulé avant d’atteindre la ville sainte, Bonvalot longe néanmoins les versants nord de l’Himalaya. Il explore les hauts plateaux tibétains et les vallées fluviales du haut bassin du Brahmapoutre.

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L’expédition est remarquable par son audace logistique : sans autorisation officielle des autorités tibétaines, l’équipe progresse en autonomie complète. Elle est confrontée au froid, à l’altitude, aux blocages politiques et à l’hostilité locale. Malgré ces obstacles, Bonvalot et ses compagnons parviennent à réaliser de précieuses observations géographiques. Notamment sur la géologie, l’hydrographie et l’organisation sociale des populations tibétaines. Ils cartographient plusieurs chaînes de montagnes méconnues, identifient des cols, et précisent les itinéraires entre le Turkestan et le plateau tibétain. Ils complètent ainsi les connaissances lacunaires des Européens sur cette région du monde.

Gabriel Bonvalot rapporte de cette expédition non seulement des données scientifiques, mais aussi une riche moisson ethnographique. Il collecte des objets, prend des notes sur les coutumes religieuses et sociales, et décrit les paysages. Ses récits, publiés notamment dans « De Paris au Tonkin à travers le Tibet inconnu » (1892), rencontrent un succès notable. Le voyage sert également les intérêts politiques français en Asie, en affirmant une présence culturelle face à la domination britannique et russe dans la région.

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Malgré un héritage partiellement éclipsé par les explorateurs anglo-saxons, Gabriel Bonvalot demeure l’un des premiers Français à avoir frôlé les cimes de l’Himalaya. Un des premiers à avoir pénétré aussi profondément dans le Tibet central. Son nom reste attaché à cette époque charnière où la carte du monde se remplissait encore, trait par trait, au gré des explorations.

Illustration © CC0

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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