langtang népal

Sa maison n’était plus qu’un amas de gravats et de glace

Dix ans ont passé depuis le séisme de 2015. Le Népal s’est reconstruit et dans la vallée du Langtang, durement touchée, la vie a repris.

C’était il y a 10 ans, un tremblement de terre de magnitude 7,8 frappait le Népal, emportant 9.000 vies et causant des dégâts matériels difficiles à supporter pour le petit état himalayen. Dans la vallée de Langtang, alors paradis des trekkers, le séisme déclencha une avalanche massive qui ravagea tout sur son passage. Ces derniers jours, la presse népalaise revient sur cet événement tragique et publie des témoignages de victimes.

« Il a croisé les gens fuyant en sens inverse »

« Tamang savait qu’il s’agissait d’un violent tremblement de terre et se précipita vers Kyanjin pour voir si ses deux filles étaient saines et sauves. Son cœur se serra lorsqu’il regarda du haut d’une falaise surplombant le village. Sa maison et une grande partie de la cité monastique n’étaient plus que des amas de gravats et de glace. Ses filles avaient appris à l’école à se mettre à l’abri en cas de tremblement de terre, ce qui les a sauvées.

Sumjo, la sœur de Tamang, était dehors et a été emportée par l’explosion. À son réveil, elle ne pouvait plus bouger à cause d’une jambe cassée mais sa petite fille, jetée au sol, était saine et sauve. Tamang est ensuite redescendu en courant vers Langtang, où vivait le reste de sa famille. Il a croisé les gens fuyant en sens inverse, affirmant qu’il ne restait plus rien de Langtang. Ses parents, ses sœurs et leurs familles ont tous été ensevelis sous l’avalanche. »

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Langtang : plus de 300 victimes

310 personnes perdirent la vie dans cette vallée à cause de l’avalanche. Une soixantaine étaient des touristes dont près d’une dizaine de Français. Certains endroits furent ensevelis sous 100m de gravats et le village de Langtang disparut sous les décombres. En ressentant le séisme, beaucoup de villageois étaient sortis de chez eux. Sans penser que le danger, l’avalanche, les attendait à l’extérieur.

Un temps déplacés à Katmandou sous des camps de toile, les survivants regagnèrent peu à peu leurs terres. Tentant de reconstruire leur habitation et leur vie, sur les ruines de leur maison ou dans le petit village de Kyanjin, voisin de Langtang. Le tourisme reprit doucement sa place dans la région, permettant à l’économie locale de redémarrer jusqu’à la catastrophe suivante. La pandémie. Pendant plus d’un an, plus un seul visiteur ne pénétra dans la vallée. Et puis, le virus reculant, les trekkeurs refirent leur apparition dans les vallées reculées du Népal.

Et maintenant ?

Les lodges pour touristes sont désormais plus nombreux qu’avant le tremblement de terre. Les terres agricoles, elles, ont été largement détruites. Et les perspectives de ce secteur ne sont pas très encourageantes. L’élevage de yaks a d’ailleurs drastiquement diminué dans la vallée, les jeunes se détournant d’un métier devenu trop difficile. A la fromagerie du Langtang, on ne produit plus que 2 tonnes de fromage par an. Quand on en produisait 7 avant le séisme. L’augmentation du tourisme domestique s’est révélée un espoir pour les locaux. Les Népalais sont de plus en plus nombreux à voyager dans leur propre pays.

Les stigmates du séisme de 2015 n’ont pas tous disparu. La topographie de la région est bouleversée à jamais. Les disparus sont toujours là, en photo au détour d’un lodge ou sur une plaque là où se dressait jadis le cœur du village. Pour autant, il semble bien que les habitants de la vallée de Langtang aient réussi leur pari. Survivre.

Illustration – Kyanjin © CC0

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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