Il a prévu de vivre 113 ans mais sa succession est déjà un sujet brûlant entre Chine, Népal et Inde. Qui pourra succéder à l’actuel Dalaï-Lama ?
Le 14ème Dalaï-Lama fêtera ses 90 ans en juillet prochain. Et plus que jamais, la question de sa succession et ses implications sont loin d’être réglées. En décembre dernier, les autorités népalaises ont interdit l’accès du Panchen Lama à une conférence bouddhiste qui se tenait à Katmandou. Ce dernier, seconde autorité spirituelle bouddhiste est un choix de Pékin. En lieu et place de la réincarnation reconnue par le Dalaï-Lama. Celui qui est considéré par nombre de tibétains comme un usurpateur s’est donc vu refuser l’entrée au Népal. Katmandou n’a pas de politique claire concernant le Tibet. Et cette interdiction contredit d’autres décisions passées, comme les régulières interdictions de célébrer l’anniversaire du Dalaï-Lama.
Cette indécision du Népal n’est pas nouvelle dans un pays coincé entre ses deux grands voisins, la Chine et l’Inde. Partenaires commerciaux importants, un a chassé le Dalaï-Lama et mène une politique de répression à l’égard des Tibétains. L’autre abrite l’autorité spirituelle ainsi que son gouvernement en exil. La future succession sera donc un moment d’intense incertitude dans les relations géopolitiques de la région.
Pékin devrait sans doute désigner un successeur chine-compatible. Une nomination « rivale » devrait voir le jour via les Tibétains en exil, notamment en Inde. A l’image de ce qui s’est fait pour le Panchen Lama (celui désigné par les Tibétains en exil a été arrêté par Pékin et n’est plus reparu publiquement depuis). Traditionnellement, la succession du dalaï-lama implique la recherche de sa réincarnation parmi de jeunes enfants. Une étape qui peut durer des années.
Cependant, l’actuel dalaï-lama a envisagé diverses options pour sa succession. Y compris la possibilité de choisir un successeur de son vivant ou même de mettre fin à l’institution qu’il représente. « Pékin pourrait insister pour s’en tenir à la tradition. Et laisser son candidat au poste de panchen-lama prendre la décision finale. Cela lui permettrait de déplacer le siège du dalaï-lama de Dharamsala à Lhassa. L’actuel Lama pourrait aussi désigner son propre candidat, mais la Chine ne l’autoriserait pas à entrer au Tibet ». Le Nepalitimes de conclure « Nous pourrions ainsi avoir 2 dalaï-lamas ! ».
Illustration – archives – 2006 © Yancho Sabev, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons