Elles devaient apporter la prospérité, les routes du Népal ont peu à peu vidé les montagnes de leurs habitants.
Après l’instauration du fédéralisme, le gouvernement népalais a priorisé le développement des infrastructures routières pour stimuler les économies locales et encourager les habitants à rester dans leurs villages. Cependant, ces nouvelles routes ont facilité l’exode des populations rurales vers les villes, le Teraï et l’étranger, nous apprend le Nepalitimes. Depuis 2016, « chaque nouvelle route construite a contribué à vider davantage les villages ». Le recensement de 2021 révèle que 34 des 77 districts du pays ont connu une diminution significative de leur population, et 329 des 753 municipalités (soit 43 % du territoire) sont touchées par le dépeuplement.
Des districts comme Ramechhap et Khotang illustrent cette tendance. Ramechhap, par exemple, n’a accueilli son premier véhicule motorisé qu’en 1998. Avec l’amélioration de la connectivité routière – largement soutenue par la Chine, la population du district a diminué, malgré la construction de plus de 4 000 km de routes. L’absence d’opportunités économiques locales a poussé les habitants à chercher de meilleures conditions de vie ailleurs, notamment dans la vallée de Katmandou, dans les plaines du Teraï et à l’étranger.
Le gouvernement avait initié en 2007 le projet de l’autoroute Mid-Hill de 1 700 km pour maintenir les populations dans les zones montagneuses. Cependant, les 26 districts connectés à cette route ont vu leur population décliner au cours des deux dernières décennies. Le recensement de 1952 indiquait que 65 % des Népalais vivaient dans les montagnes et les collines, contre 35 % dans le Teraï. En 2021, ces chiffres se sont inversés : « 53,6 % résident désormais dans le Teraï, et seulement 40,3 % dans les collines ».
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