Les impacts du réchauffement climatique soulèvent de lourds doutes quant à la durabilité de la production hydroélectrique du Népal.
Depuis plusieurs années, le Népal investit des sommes importantes dans la production d’énergie hydroélectrique. La topographie du pays se prête naturellement à la construction de barrages. Et le voisin indien reste pour l’instant très friand d’acheter l’électricité verte produite par le Népal. Ce sont d’ailleurs bien souvent des opérateurs indiens qui financent en partie les centrales, en échange d’une concession de quelques décennies. Autant de raisons qui ont poussé Katmandou dans cette voie.
Mais ces derniers temps, les investisseurs sont plus frileux. En cause, plusieurs événements météorologiques violents qui ont – notamment en 2024 – causé de nombreux dégâts aux infrastructures hydroélectriques du pays. L’explosion meurtrière du barrage de Chunthang au Sikkim voisin en 2023 est encore dans tous les esprits. La structure avait été emportée par la vidange brutale d’un lac glaciaire en amont. Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaciers, ces lacs se multiplient. Plus d’une vingtaine sont considérés à haut risque sur le territoire népalais. Et la plupart des chantiers actuels de centrales hydroélectriques sont en aval de ces dangereux lacs.
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Sans compter que les hivers sont de plus en plus secs, et les centrales ne produisent dans certaines régions qu’à 10% de leur capacité. La plupart des infrastructures hydroélectriques sont des centrales installées au fil de l’eau. Les barrages avec retenue, qui permettent de faire face à des variations saisonnières fortes, sont rares au Népal. Beaucoup plus coûteux à construire.
« La crise climatique va encore modifier les régimes de précipitations. Ce qui rendra la production hydroélectrique encore plus incertaine à l’avenir », a déclaré Manjeet Dhakal, un des représentants du Népal à la COP29 de Bakou. « Il ne s’agit pas seulement d’un problème climatique. Mais aussi d’un sérieux défi pour l’avenir énergétique du pays » ajoute un investisseur en hydroélectricité cité par le presse népalaise. A l’heure où les concessions des opérateurs actuels de centrales prendront fin dans 20 à 30 ans, la capacité de production aura peut-être encore drastiquement baissé.
Construire des unités de production hydroélectriques en prenant en compte tous les risques précédemment cités fait grimper en flèche les coûts. Les assurances, elles-aussi, revoient leurs polices à la hausse – conscientes de l’incertitude lié aux impacts climatiques. Au final, investir dans l’hydroélectrique n’est plus si avantageux qu’espéré. Et les investisseurs préfèrent se tourner vers des secteurs plus porteurs. Incertitudes sur le financement, la durabilité et la variabilité de production. Qu’elle qu’en soit la raison, les plans ambitieux du gouvernement népalais pour continuer ce développement d’énergie verte risquent fort d’être contrariés. De 3.000 MW de production aujourd’hui, le Népal espérait atteindre 28.000 MW en 2035.
Illustration © Upper Tamakoshi Hydroelectric Project Fb