chèvre cachemire

Ne me mangez pas, je produis du cachemire !

Cet automne, des milliers de chèvres ont été vendues au Népal pour leur viande alors que le pays peine à développer son secteur textile. Ces chèvres sont pourtant les fameuses productrices du cachemire !

La tradition perdure. Chaque année pour le festival Dashain, les Népalais font la fête et mangent de la chèvre de l’Himalaya. A commencer par la fameuse Chyangra comme on l’appelle ici. La chèvre qui produit le cachemire (car oui cette chèvre n’a rien à voir avec la région du Cachemire mais vient du Tibet).

Près de 7.500 chèvres ont ainsi été vendues dans le seul district du Mustang. Le prix est fonction du poids, de 200 à 250 Euros pièce. Dans plusieurs villages de cette région, la chèvre est une source importante de revenus. Dès leur troisième anniversaire, elles peuvent être vendues pour leur viande. Et c’est souvent ce qui leur arrive, la grande majorité des chèvres du pays, près de 140.000, n’ont jamais fourni de fibres à quiconque, juste de la viande. Alors même que ce business peut se révéler très lucratif.

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Une chaîne d’approvisionnement bancale

Dans le même temps, les fabricants de vêtements en cachemire de la vallée de Katmandou ont des difficultés à s’approvisionner en fil de cachemire et finissent bien souvent par se tourner vers la Chine voire la Nouvelle-Zélande. C’est qu’historiquement, il n’y a que peu de liens entre les paysans des régions reculées du Népal et la capitale. Les rares éleveurs qui produisent de la « laine » de chèvre la vendent encore bien souvent au Tibet, plus facile d’accès et qui partage une langue qu’ils comprennent. Le Népal exporte donc de la laine qui revient en bobine en importation pour la production de vêtements. Les capacités de transformation de la « laine » en fil à tisser sont encore réduites sur le territoire népalais mais un début d’industrialisation est en marche. La première usine a ouvert ses portes à Bhaktapur en 2023.

Une priorité stratégique soutenue par l’Union Européenne

Le textile en cachemire népalais estampillé Pashmina est une des priorités stratégiques du commerce extérieure du pays. L’objectif est même d’atteindre les 75 millions de dollars de marchandises exportées d’ici à 2026. Historiquement, ce business dépassait les 110 millions de dollars d’exportation mais les ventes ont chuté à cause de la piètre qualité qui a entaché l’image haut de gamme du Pashmina. Ces dernières années, les ventes annuelles oscillaient autour des 20 millions de dollars (environ 18 millions d’Euros). L’Union Européenne soutient financièrement les efforts du Népal pour développer cette filière. Elle participe au développement de la chaine logistique mais met également en place des tarifs douaniers avantageux.

Ce n’est pas la laine de la chèvre qui est utilisée mais un duvet secondaire qu’elle produit en hiver. Il est généralement peigné et ne nécessite pas forcément la tonte de la chèvre.

Illustration © Indusgf, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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