or himalayen

La fin de l’or himalayen replonge des familles dans la pauvreté

Dans l’Himalaya, alors que le changement climatique et la surexploitation sonnent le glas du yarsagumbu (cordyceps), l’impact économique et social commence à se dessiner. L’or himalayen n’est plus.

Ce petit champignon qui ne vit qu’au-delà de 3.000 mètres d’altitude est touché de plein fouet par les modifications du climat. Il a besoin de froid pour se développer et sortir de terre. Avec des hivers bien plus doux qu’auparavant, il peine à pousser. Autrefois, il fallait « entre 2.500 et 2.900 pièces » pour faire un kilogramme de récolte, désormais « 4.000 pièces ne suffisent pas ».

La ruée vers cet or des hauts plateaux n’aura pas duré bien longtemps. Le Nepalitimes rapporte que cette année dans le Parc National Shey-Phoksundo (Dolpo, Népal), près de 8.600 cueilleurs de yarsagumbu se sont enregistrés. Le double de l’année dernière alors que les champignons sont de plus en plus rares. Résultat, la cueillette miraculeuse n’a plus lieu.

Les familles s’endettent pour un or himalayen illusoire

Et même si la précieuse marchandise se négocie toujours à prix d’or sur les marchés asiatiques, les familles népalaises s’endettent pour venir passer quelques semaines dans les montagnes. Le journal népalais cite l’exemple d’une famille qui a dépensé 3.300 Euros pour rejoindre la région de récolte. Et y résider pendant plusieurs semaines. « Nous espérions pouvoir au moins compenser le coût de notre venue ici. Et gagner de quoi nous aider à élever notre fille. Mais cela n’en valait pas la peine » raconte la maman. Bénéfice de la récolte : 1.300 Euros environ. Perte sèche considérable pour ces familles qui reviennent en ville avec des dettes. Des milliers de foyers pourraient bien se serrer la ceinture cet hiver, faute de revenus complémentaires attendus de cette récolte.

Tout porte à croire que le yarsagumbu est en train de disparaitre. Et la saison de la cueillette se complique. Déjà dangereuse parce qu’en montagne, « 12 récoltants sont déjà morts cette saison » dans la province de Karnali, la chasse aux champignons se termine parfois en vol et agression. La criminalité est en hausse et les cueilleurs sont les premières cibles. Même dans les pays voisins, comme au Bhoutan, les esprits s’échauffent autour du champignon. Mais la situation ne durera pas éternellement. La surexploitation, le piétinement des alpages et la modification des températures vont très vite venir à bout du yarsagumbu. Entre temps, les habitants de certaines régions ont abandonné leurs cultures vivrières au profit de l’argent « facile » du champignon, préférant acheter leur nourriture que la faire pousser. Ils vont probablement devoir faire machine arrière.

Illustration – Cordyceps (l’or himalayen) © Pixabay

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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