Dans la région du Mustang, l’architecture traditionnelle aux racines tibétaines est en danger. Sous la menace du réchauffement climatique.
Dans les régions les plus sèches de l’Himalaya, la tradition architecturale s’appuyait depuis des siècles sur la quasi-absence de précipitations sous forme de pluie. Ainsi au Mustang, la plupart des maisons étaient construites avec des murs en boue séchées et des toits argileux en terrasse sur lesquels stocker du bois pour cuisiner et pour se chauffer. Les transformations du climat ont tout bouleversé. La neige a disparu et les averses de pluie sont désormais beaucoup plus fréquentes. Parfois très violentes. Les murs perdent en solidité et menacent de s’effondrer. Quant au bois sur le toit, il est humide. Et s’il n’est pas pourri, il est difficilement utilisable. Le Nepalitimes rappelle l’importance culturelle de cette architecture : « la taille de la pile de bois indiquait la richesse de la famille. Une grande pile suggérait la richesse et même de meilleures perspectives de mariage ».
L’arrivée de la route
Alors que le climat change, la route arrive désormais dans la région et avec elle, des moyens de faire face à ces transformations profondes. Le bois n’est plus aussi indispensable quand des bouteilles de gaz peuvent arriver en camion. Tout comme des matériaux plus solides. Les maisons en ciment sont de plus en plus nombreuses. Ceux qui ont les moyens s’offrent une maison plus solide. Mais ils ne sont pas la majorité.
Un avenir incertain
Quelques conséquences positives se font sentir. Les besoins en bois reculent et les forêts d’altitude souffrent moins des coupes des populations locales. L’utilisation du gaz réduit les fumées dans les habitations et les enfants « sont moins exposés aux maladies respiratoires ». Le climat plus humide et moins hostile permet aussi de cultiver des légumes et fruits qui jadis ne poussaient pas dans ces régions. Mais il y a un mais.
L’économie locale est très fortement dépendante du tourisme. Les visiteurs viennent chercher dans ces régions reculées des paysages grandioses mais aussi une culture traditionnelle préservée. Au cœur de cette culture, l’architecture typique du Mustang. Si les maisons traditionnelles sont peu à peu remplacées par des habitations en béton, un des attraits pour les touristes disparaitra et eux avec. C’est en tous cas ce que craignent les autorités locales. A Gharpajhong, le chef du village réfléchit au sujet. « Nous étudions comment nous pouvons aider les familles locales à conserver l’aspect traditionnel de leurs maisons » explique-t-il.
Illustration – murs en pierre et toits couverts de bois, au Mustang, Népal © Sajan Shakya24, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons