Les récentes accusations portées par plusieurs grimpeuses dans le New York Times à l’encontre de Nims Dai ont enclenché une salve de réactions. En substance : le cas Nims ne serait vraisemblablement pas isolé. Serait-ce le début d’un mouvement MeToo dans le monde de l’alpinisme ?
A l’image d’autres univers, la montagne n’est pas épargnée par le sexisme, le harcèlement et les agressions sexuelles. Les femmes, souvent sous-représentées, n’ont jamais vraiment pris la parole sur le sujet à de rares exceptions. Le récit de Marion Poitevin dans Briser le plafond de glace donnait à entrevoir un monde où la place des femmes était loin d’être une évidence. L’article du New York Times, qui incrimine directement Nims Dai, a suscité plusieurs réactions. Elles tendent à confirmer que les agissements du célèbre guide népalais ne sont sans doute pas isolés.
Des agissements tolérés en silence
La guide américaine Melissa Arnot, connue pour son ascension de l’Everest sans oxygène, a ainsi réagi. Elle souligne que cet article dans le New York Times « est un début. Il offre une chance pour que la fille seule se sente un peu moins seule ». La fille seule, c’est la fille dans l’univers de la montagne, celle qu’elle a été et qu’elle croise souvent. Celle qui n’a d’autre choix que « flirter ou être exclue », celle qui rentre dans une « coercition du consentement très insidieuse ». Et d’ajouter que « ce qui est partagé » dans l’article du Times « n’est pas isolé ». Et qu’un « environnement propice à ce type d’agissements a été toléré, en silence, depuis des années ». Elle conclut : « il est temps que cela change » !
Un problème systémique dans l’alpinisme
L’opérateur américain spécialisé dans les expéditions féminines AW Expéditions souligne que « malheureusement, nous pouvons affirmer avec confiance, sur la base de nombreuses conversations informelles, que ce cas très médiatisé n’est que la partie émergée de l’iceberg d’un problème systémique dans l’alpinisme ». Et d’ajouter que ce n’est pas un fait récent. Citant l’époque où Arlene Blum était encouragée à « aider en cuisine » plutôt qu’à grimper.
Adrian Ballinger, patron de l’opérateur AlpenGlow, a relayé l’article du Times. Il explique « Je suis assez impliqué dans cet univers pour avoir une assez bonne idée de ce qui est vrai. Il est plus que temps que cette vérité puisse s’exprimer ». Et d’affirmer que « la prédation sexuelle est un danger que nous pouvons non seulement atténuer, mais nous pouvons nous unir pour nous assurer d’avoir une tolérance zéro dans notre communauté. ». D’Adventure Consultants à Furtenbach, plusieurs grands acteurs des expéditions himalayennes ont pris le même genre de position.
Illustration – MeToo alpinisme © Pixabay