Ancien bastion maoïste, un petit village des montagnes népalaises souffre de tous les maux. Et rien ni personne ne semble pouvoir arranger la situation.
En 2021, un glissement de terrain emportait une cinquantaine de maisons à Muktikot, petit village de l’ouest du Népal. Dans ce recoin de l’Himalaya, la montagne n’a pas emporté que des murs, elle a aussi pulvérisé les rares terres arables dont disposaient les habitants. Village d’intouchables, ces minorités hors-caste souffrant de nombreuses discriminations, ses habitants avaient vu arriver les Maoïstes et leurs promesses d’abolition des castes et d’égalité avec espoir. Le nom du village avait alors été changé pour Muktikot, le « fort de la liberté ».
Mais la prospérité promise n’est jamais venue, les Maoïstes sont repartis, et les habitants miséreux sont toujours là. Enfin pas tous. Nombre d’entre eux ont rejoint l’Inde pour y travailler. Près de 2 décennies après la fin de la guerre civile et le retour à la paix, une route a été construite. Mais rien n’a vraiment changé pour les 400 familles de Muktikot . Et « personne n’est jamais venu voir ce qui se passait ici » raconte un habitant à l’Online Khabar.
La vérité crue des statistiques
Les statistiques officielles font froid dans le dos. Le taux de fécondité est très élevé en parallèle d’une mortalité infantile 5 fois plus haute que la moyenne nationale. « Il n’y a pas une seule mère qui n’ait pas perdu un bébé ». Un très faible niveau d’alphabétisation des femmes et un niveau de mariages d’enfants important. 95% des femmes et enfants qui souffrent de sous-alimentation, les maigres récoltes ne permettant pas de s’alimenter toute l’année. Les habitants survivent avec quelques sacs de riz subventionnés par l’Etat. L’eau se fait rare, pour les cultures, la consommation mais aussi pour l’hygiène. Et les problèmes de santé liés au manque d’eau sont légion.
Suite au glissement de terrain de 2021, les autorités avaient promis des aides à la reconstruction. La plupart ne sont jamais arrivées aux bénéficiaires, probablement à cause de plusieurs couches de corruption bien installées. Les habitants sont fatalistes, ils n’attendent plus grand-chose de grand monde : « Nous ne sommes même pas considérés comme des humains par l’État. » conclut Dhanajay, un habitant, interrogé par le Nepali Times.
Cet article pourrait se terminer sur une touche d’espoir, avec un projet de soutien gouvernemental ou une initiative visant à développer le… non, rien. La situation ne s’est pas arrangée ces dernières années et les quelques nouvelles promesses électorales de la municipalité ne semblent pas à même de changer grand-chose.
Illustration (c) DR