Les membres de l’ethnie Sherpa vivent dans plusieurs villages du Népal, parfois à l’écart des sentiers battus par les touristes. A Gautala, les hommes partent en expéditions, les femmes et les enfants en ville. Il ne reste plus que les ainés. Ils survivent tant bien que mal. Et attendent la mauvaise nouvelle.
Le Nepalitimes raconte la quinzaine de maisons de Gautala, ce hameau est construit 80 kilomètres à vol d’oiseau au sud-est de l’Everest. A cinq heures de Jeep de la première école. Ici comme dans bien d’autres villages de la région, l’industrie des trekkings et des expéditions a un impact visible.
Les membres de l’ethnie Sherpa sont habitués à vivre en montagne depuis des générations. Ils ont développé des facultés hors du commun pour supporter la haute altitude. Ils sont donc courtisés par les opérateurs d’expéditions. Et avec eux, la possibilité de gagner bien plus d’argent qu’en restant paysans au village. Le gain est bien réel. Et rapidement, les hommes (rarement les femmes) engagés dans des expéditions peuvent payer des études à leurs enfants. Les villages se vident et les ainés restent, seuls ou presque. Ils vivent de peu. Et même s’ils bénéficient en partie de la manne financière apportée par les enfants, ils sont surtout sur le qui-vive.
Sherpas : les dangers des expéditions
À tout moment le téléphone peut sonner pour annoncer la mauvaise nouvelle. Dans chaque foyer à Gautala on a déjà perdu un fils, un frère, un père. Les expéditions ne pardonnent pas. Et les suppliques pour encourager les uns et les autres à changer de métier sont nombreuses. Mingma Tashi se souvient du coup de fil qui lui a appris la mort de son fils, tombé dans une crevasse du Glacier du Khumbu. Il avait 28 ans. Les « montagnes auraient pu nous rapporter beaucoup d’argent, mais rien n’est plus important que la vie. L’argent peut-il acheter la vie ? » se questionne ce père inconsolable. Une épouse explique avoir « demandé à plusieurs reprises à mon mari de quitter le travail d’alpiniste », sans succès.
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