Longtemps interdits d’exportations, les producteurs d’abricots du Ladakh pourraient bien se lancer sur le marché international.
Quelques 150 kg d’abricots ont atterri sur les étals de Dubaï il y a quelques semaines. Si le volume est dérisoire, il marque un tournant. La toute première exportation internationale de fruits du Ladakh. Dans le Reach Ladakh Bulletin, Ghulam Mehdi Ashoor, un des dirigeants de la Province souligne cette étape. Comme « les abricots, nous pouvons aussi exporter nos pommes sur le marché international. Personne ne peut critiquer la qualité de nos pommes ! ».
La principale nouveauté, c’est que les abricots sont expédiés frais. Ces dernières années, le Ladakh ne produisait guère que des abricots secs. Si le business des abricots secs n’est pas près de s’éteindre, des investissements ont été réalisés par le gouvernement du Ladakh pour équiper les agriculteurs en séchoirs plus performants, l’abricot frais semble avoir de beaux jours devant lui. D’autres pays du Moyen-Orient pourraient être intéressés et plus encore quand l’abricot du Ladakh aura obtenu son « label », à commencer par le Qatar ou Oman. Très prochainement, « nous obtiendrons une Indication Géographique » pour le Raktse Karpo, une espèce d’abricots qui ne pousse qu’au Ladakh. Et en 2025, la récolte devrait être labellisée Bio.
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L’interdiction d’exporter les abricots du Ladakh levée
Le Ladakh produit d’ailleurs près de deux tiers des abricots du pays. Mais depuis près de 50 ans, il ne pouvait les exporter frais. Une interdiction pesait ainsi depuis plusieurs décennies au prétexte qu’un insecte parasite adorerait ces abricots du Ladakh et aurait constitué une menace pour les récoltes du reste du pays s’il s’y était répandu. C’est pour cette raison que le Ladakh s’est développé sur le marché de l’abricot sec, non soumis à cette interdiction. Annuellement, le district de Kargil produit près de 9.000 tonnes d’abricots. Et le développement de l’export est une aubaine financière pour les agriculteurs.
Une saison décalée par rapport aux grands producteurs
La culture de l’abricot est ancestrale au Ladakh. L’arbre pouvant pousser allègrement jusqu’à 3.300 mètres d’altitude. Le climat spécifique de la région donne un atout complémentaire face au marché international. Si les principaux producteurs, comme la Turquie ou l’Italie, voient leur saison s’étaler de mai à juillet, ce n’est pas le cas au Ladakh. Sur les contreforts de l’Himalaya indien, les abricots arrivent à maturité en Juillet, Août et Septembre. Quand les principaux producteurs du monde ont déjà écoulé leur production. Mais la capacité de production de la région n’égalera jamais celle des plus grands pays d’abricots de la planète. Quand le Ladakh atteint péniblement les 10.000 tonnes par an, la Turquie dépasse les 750.000 tonnes. La France produit environ 115.000 tonnes d’abricots par an.
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