Connu comme destination touristique de choix pour Occidentaux randonneurs, le Népal a été heurté violemment par la pandémie. Ce petit pays de l’Himalaya est en train de faire un bon de plusieurs décennies en arrière en terme de développement. Les habitants du Népal s’enfoncent chaque jour un peu plus dans la pauvreté.
Pendant que nous passions le printemps à suivre les aventures de quelques centaines de grimpeurs sur les pentes de l’Everest, le Népal luttait contre le covid. Entre les restrictions de 2020 et celles de 2021, le pays est exsangue. Certains secteurs d’activités, comme le tourisme ou les transports, sont ravagés. Dans un pays fragile comme le Népal, une crise comme celle-ci ne se compte pas en nombre de cas quotidiens de covid. Les autorités sont d’ailleurs incapables d’un décompte exact, certains modèles estiment que les chiffres officiels pourraient être largement sous-estimés. Les conséquences de cette pandémie se chiffrent en millions d’habitants qui repassent sous le seuil de pauvreté. En millions de personnes qui luttent désormais pour se nourrir et survivre.
Au Népal, des millions d’habitants repassent sous le seuil de pauvreté
Le Nepalitimes raconte ce propriétaire d’hôtel. Il comptait 100 employés et n’en a plus qu’une dizaine (lien en anglais). Hélas « Tôt ou tard, les banques vont vendre mon hôtel aux enchères » explique-t-il. Ou ce chauffeur de taxi qui a perdu son véhicule, incapable de payer ses traites. Il a dû regagner son village natal pour élever du bétail faute de pouvoir survivre en ville. D’après des estimations de la Banque Mondiale, ce sont quelques 9 millions de Népalais qui vivent désormais sous la barre du « seuil de pauvreté ». Environ un tiers des habitants.
Pour la première fois en 40 ans, l’économie du Népal a ralenti. Les femmes, les plus jeunes et les citadins sont parmi les plus touchés par ce coup de frein. En 2020, quelques 40% des Népalais expliquaient avoir perdu leur emploi ou être en congé à durée indéterminée. Si fin 2021 et 2022 pourrait voir une reprise, plusieurs décennies de progression risquent d’avoir été balayées en quelques mois. L’UNICEF estimait en septembre dernier que près de 7 millions d’enfants au Népal semblaient souffrir du manque de nourriture. Un phénomène qui pourrait rapidement être à l’origine de 4.000 morts d’enfants en bas âge d’après une étude de l’Ecole en Santé Publique John Hopkins.
De retour au niveau des années 1980
Au-delà du manque de moyens pour se nourrir, les plus jeunes se sont éloignés de l’éducation. Dans un pays où les plateformes d’enseignement à distance sont quasi-inexistantes, pas facile de faire l’école à la maison explique le KathmanduPost (lien en anglais). Le Programme des Nations Unies pour le Développement estime que passée cette crise, le taux de déscolarisation pourrait « revenir au niveau des années 1980 ».
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