Aux confins de l’Himalaya, la Chine à des plans pour le fleuve Yarlung Tsangpo : elle réfléchit à la construction d’un barrage gigantesque aux conséquences multiples.
Le Yarlung Tsangpo traverse le Tibet avant de passer la frontière pour couler en Inde puis au Bangladesh. Dans cette dernière partie, il est connu sous le nom de Brahmapoutre. Au-delà de l’alimentation de nombreuses régions en eau, le fleuve abrite une biodiversité très riche. Il est aussi un axe de transport important. Pékin réfléchit sérieusement à installer un barrage sur les eaux du fleuve. L’Inde voit rouge.
Un barrage en amont, des impacts majeurs en aval
Une telle infrastructure aurait des répercussions majeures sur les eaux en aval. Le débit mais aussi la composition de l’eau se verraient transformés. On sait désormais que les barrages retiennent quantité de sédiments qui ne parcourent plus le fleuve, modifiant radicalement les écosystèmes. Certaines espèces disparaissent, d’autres prolifèrent. L’érosion gagne du terrain alors que l’agriculture alentour perd en productivité. Un tel équilibre met des décennies à être rétabli quand le barrage est retiré, à l’image de ce que l’on a connu récemment dans l’Ouest des Etats-Unis.
Le barrage du Yarlung Tsangpo : un projet gigantesque
Le projet envisagé par la Chine promet d’être d’une ampleur inégalée. Il serait 3 fois plus imposant que le plus grand barrage au monde, déjà implanté en Chine. Il faut dire que les variations de niveaux sur le fleuve Yarlung Tsangpo permettent d’espérer un rendement énergétique élevé. En se faufilant à travers un profond canyon, il passe de 3.000 à 800 mètres d’altitude. La puissance générée par cette « chute » pourrait permettre, si elle était exploitée, de créer une centrale d’une puissance de 60 Giga Watts. Trois fois plus que le barrage des 3 Gorges, le plus puissant à l’heure actuelle.
Un projet risqué, par ses dimensions gigantesques mais aussi par l’activité sismique de la région. Dans les années 1950, un tremblement de terre très puissant avait son épicentre à moins de 200km du site du barrage. Des glissements de terrain, plus fréquent avec les effets du réchauffement climatique (lien en anglais), peuvent également avoir des impacts sur le cours du fleuve, compliquant le projet chinois.
Un projet qui ravive les tensions Chine – Inde
La Chine explique qu’un tel projet est en lien avec sa volonté d’atteindre la neutralité carbone en 2060. Dans un pays qui construit encore des centrales à Charbon en 2021, les experts estiment qu’un projet comme celui-ci ne constituera qu’un pas marginal vers cet objectif ambitieux de réduction des émissions. En attendant, il ravive les tensions entre Chine et Inde. L’installation d’un tel barrage ayant des conséquences directes sur le territoire indien. Plus que jamais, la maîtrise des eaux de l’Himalaya semble être un des nouveaux enjeux stratégiques des grandes puissances asiatiques.
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Illustration – vue sur le Yarlung Tsangpo © 钉钉 – CC BY-SA 4.0