Relier le Népal au Tibet par le chemin de fer, c’est un projet déjà évoqué par Mao en 1973. Cinquante ans plus tard, le train Lhassa – Katmandou n’existe toujours pas.
Dans la seconde moitié du XXème siècle, la Chine s’est attachée à développer son réseau de communication intérieur pour renforcer les liens avec le Tibet. A l’image de la ligne de train qui relie Lhassa au reste du pays depuis le milieu des années 2000. Dans le même temps, Pékin a largement limité les échanges possibles entre le Tibet et ses voisins. Partenaires commerciaux historiques, le Népal ou l’Inde. Mais avec la complète main mise de la Chine sur le Tibet, la question d’un train reliant le Tibet au Népal n’est désormais plus un tabou.
Un train de Lhassa à Katmandou pour relier Chine et Inde
Car désormais, la Chine, immense usine planétaire, voit dans une telle liaison de nouveaux débouchés potentiels pour ses marchandises. Au Népal, mais surtout jusqu’en Inde. Nombre de politiciens népalais plaident pour qu’une telle ligne de chemin de fer soit construite (lien en anglais). C’est en 2014 que Pékin accepte de mettre en œuvre un tel projet, poussant Katmandou à travailler sur la section népalaise de la ligne. Mais le tremblement de terre de 2015 a compliqué une telle entreprise avant même qu’elle ne démarre. La priorité du pays étant devenue sa propre reconstruction et dans une certaine mesure, sa survie.
Pourtant, au cœur de ce marasme, la dégradation des relations avec l’Inde a accentué les échanges entre le Népal et la Chine, faisant ressurgir l’idée de cette ligne de train. Entre 2015 et 2016, le Népal a signé plusieurs accords avec Pékin. Notamment pour se défaire du monopole de l’Inde sur son approvisionnement de certains produits, comme le pétrole.
Un coût difficilement supportable par le Népal
Fin 2018, une première étude de faisabilité chiffrait un tel projet à 25 millions d’Euros par kilomètres, il faut dire que traverser une telle zone montagneuse n’est pas une affaire si aisée : le projet compte plusieurs kilomètres de tunnels et près de 80km de ponts. Et la Chine ne compte pas régler la facture toute seule, c’est là que l’histoire se complique. D’autant qu’entre temps, les relations entre Chine et Inde se sont ternies. Pékin n’est donc plus très sûr de l’intérêt de relier les deux puissances via le Népal. Nombre de Népalais se demandent d’ailleurs si cette ligne de train leur servira à quelque chose. Ils craignent fort de voir déferler des produits chinois sur leurs marchés et de voir passer nombre de trains qui fileront vers l’Inde. Mais quel intérêt pour le Népal.
En attendant, la Chine continue de développer les chemins de fer à destination du Tibet et en provenance du reste de la Chine, à l’image d’un projet actuellement en chantier, coûtant quelques 39 milliards d’Euros .
Illustrations © DH.Ogawa CC BY-3.0