Au printemps 2019, Nima Doma Sherpa et Furdiki Sherpa avaient défrayé la chronique. Ces deux femmes népalaises avaient gravi la plus haute montagne du monde. Dans la société conservatrice du Népal, il est déjà rare de voir des femmes grimper ainsi sur les plus hauts sommets. Même si certaines détiennent des records ! Mais ces deux femmes avaient un point commun : elles étaient veuves.
Au Népal : veuves et exclues !
Elles ont perdu leurs maris, morts en montagne en 2013 et 2014. A 36 et 44 ans, elles ont désormais charge de famille. Mais au Népal, les veuves ne peuvent plus faire grand-chose. Elles sont complètement marginalisées. Car c’est sur elles que pèsent la responsabilité de la mort du mari. Considérées comme porteuses de malheur, elles se voient refuser l’accès à des événements publics, leur participation à des cérémonies religieuses… Pire, malgré une législation qui cherche désormais à les protéger, elles sont encore régulièrement spoliées de l’héritage de leur mari, comme le rappelait le KathmanduPost (en anglais). C’est le poids de cette tradition que Nima Doma et Furdiki ont voulu dénoncer en arrivant au sommet de l’Everest. Leur combinaison rouge était un message fort à destination des conservateurs. Les veuves doivent traditionnellement porter le blanc jusqu’à la fin de leurs jours.
Le confinement, une difficulté supplémentaire !
Un an plus tard, elles font face aux difficultés liées à la crise du covid. L’activité touristique est à l’arrêt au Népal. Les treks comme les expéditions sont au point mort et elles n’ont plus de source de revenus. Elles puisent dans leurs économies mais elles ne sont pas infinies. « Si les treks ne reprennent pas, Nima Doma retournera dans son village pour cultiver des légumes » peut-on lire dans l’Himalayan Times (en anglais). Et Furdiki en est convaincue : « le trekking peut prendre quelques années pour se relancer. Les randonneurs peuvent ne pas revenir de sitôt ».
A leur retour de l’Everest, les deux Népalaises souhaitaient lancer une organisation caritative venant en aide aux veuves. Le projet a été mis en pause par le confinement mais n’est pas oublié !
En savoir plus. Le Népal compte environ 500.000 veuves. Les observateurs affirment qu’elles sont encore nombreuses à vivre recluses dans leur belle famille. Une majorité d’entre elles étant jeunes et analphabètes, les risques d’exploitation sont importants. La situation n’est pas propre au Népal. En Asie du Sud, les veuves sont supposées porter le deuil à vie renonçant aux vêtements de couleurs, à certains types de nourriture…
Illustrations © Two Widow expedition