La structure en charge de deux centres médicaux dans la région de l’Everest a publié un communiqué hier, expliquant que les centres n’ouvriraient pas au printemps. L’International Porter Protection Group (IPPG) qui gérait ces postes depuis 2003 est une organisation non gouvernematale née en 1997. Elle avait été créée suite à plusieurs tragédie impliquant des porteurs népalais, alors sans protection d’aucune sorte. Des médecins bénévoles, spécialisés en médecine d’altitude, se sont relayés chaque saison depuis l’ouverture des postes situées dans la vallée de Gokyo et à Machermo.
Dans son communiqué, l’IPPG explique que leur aide est remplacée par une structure privée, en lien avec une compagnie d’hélicoptère. Il se murmure que dans ses premiers mois de fonctionnement, la structure en question approchait les 50% d’évacuations héliportées de blessés sur Katmandou, quand la gestion de l’IPPG ne se résolvait à utiliser un hélicoptère que pour les cas les plus graves, environ 5%. Une affaire qui n’est pas sans rappeler les scandales de l’an dernier où les compagnies d’assurances des trekkeurs se voyaient facturer des évacuations en hélicoptères non nécessaires, et au prix fort même quand plusieurs « blessés » prenaient place à bord.
Le communiqué de l’IPPG
« La fin d’une ère… C’est avec une grande tristesse que 17 ans après avoir été invités dans la vallée de Gokyo par la communauté locale et le Parc National de Sagamartha, nous devons annoncer la fermeture forcée des postes de secours de Machermo et Gokyo.
Une clinique privée, liée à un établissement de Katmandou et à une compagnie d’hélicoptères, a ouvert ses portes à Gokyo à l’automne et à la suite de cela, la municipalité rurale de Khumbu Pasang Lama a refusé à l’IPPG la permission de continuer à opérer dans la vallée de Gokyo.
Ce fut un privilège d’être les invités des Sherpas et de les servir ainsi que les porteurs et les randonneurs visitant la vallée. Cependant, il semblerait que pour certaines personnes influentes, nos services ne sont plus les bienvenus.
Pendant la période d’ouverture des postes, des centaines de vies ont été sauvées et des milliers de personnes ont été sensibilisées aux maladies de l’altitude et au bien-être des porteurs. Nous ne pouvons qu’espérer que la nouvelle clinique privée accorde autant d’importance à la prise en charge des porteurs coriaces, fiers mais vulnérables sans qui il serait impossible de visiter le Népal. »
Les porteurs principales victimes de ce changement
Un gouverneur local explique que « le Népal est dans une phase de transition » notamment sur le sujet de la santé et botte en touche en remerciant l’IPPG pour ses 17 ans de service.
En attendant, la nouvelle structure a commencé à fonctionner avec un jeune médecin. Il n’avait pas plus d’un an d’expérience et aucune connaissance des spécificités liées à l’altitude à l’ouverture. Ce dernier a même « assisté aux conférences régulièrement réalisées par l’IPPG à destination des porteurs et des trekkeurs et a affirmé avoir beaucoup appris » explique le Docteur Nick Mason. Croisons les doigts pour que les premières victimes de ces changements brutaux ne soient pas les porteurs. Même si quelques progrès ont été fait ces dernières années, ces derniers restent très vulnérables.
Enfin, d’autres postes de secours de la région, pilotés par l’Himalayan Rescue Association (HRA), une autre structure, pourraient également être dans le viseur des autorités. C’est grâce à elle que la Clinique du camp de base de l’Everest fonctionne chaque printemps, à grand renfort de médecins occidentaux volontaires.
Illustration Gokyo Machermo © IPPG