L’Everest attire chaque année des centaines de prétendants. Cette saison n’a pas fait exception ! Et si les rêves de certains ont viré au drame, la plupart ont pu réaliser leur défi. Ils avaient tous leur propre motivation, leurs raisons, mais un point commun : c’est du côté de l’Everest que leur défi devait prendre forme. Sur les nombreux alpinistes qui se pressent sur ses pentes chaque année, très peu de français. Au printemps 2018, sur les quelques 800 grimpeurs qui foulaient le sommet, seuls 6 venaient de l’Hexagone. En 2019, la proportion est du même ordre. Découvrez trois Français(es) qui reviennent de l’Everest, ils se sont succédé au sommet à quelques minutes d’intervalles le 23 mai dernier… sans se connaître, sans le savoir…
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Deux d’entre eux ont gravi le toit du monde dans le cadre d’une expédition dite commerciale, avec sherpa et oxygène additionnel : Catherine et Thomas. La troisième est bien connue des sommets de l’Himalaya : Elisabeth a gravi l’Everest sans oxygène.
Thomas Dutheil, pour la bonne cause
C’est bien loin des montagnes que Thomas passe le plus clair de son temps. A 23 ans, ce pompier du Cotentin voulait porter haut les couleurs d’une association. Celle des orphelins des Sapeurs-pompiers. Une aventure solidaire et responsable durant laquelle il a fait un premier arrêt dans un petit village au Nord de Katmandou. Objectif, remettre à l’école du village du matériel informatique. Ensuite, il a mis le cap sur la vallée de l’Everest. Avec une première phase d’acclimatation loin des rotations surpeuplées de Sagarmatha (l’un des noms de l’Everest) : sur le Lobuche Peak, un sommet de 6.119 mètres.
A l’occasion de son projet, Thomas a multiplié les initiatives pour réunir des fonds pour les causes qu’il avait choisi de soutenir. Plusieurs sponsors étaient ravis de l’accompagner dans sa démonstration que des « jeunes peuvent mener des projets hors du commun ! ». Mais cette aventure était aussi un défi sportif. Car si les premiers jours sur la montagne étaient faciles, la fatigue accumulée et la très haute altitude n’étaient pas des détails. C’est « content mais fatigué » que Thomas finissait son acclimatation. A 10h15, le 23 mai, il était au sommet. Mais pas le temps de trainer, il était vite l’heure de redescendre. Le lendemain, il était au camp de base. Une affaire rondement menée pour ce grand sportif qui avait déjà quelques expériences de haute altitude à son actif, comme l’Ama Dablam.
Catherine Vulliez, la passionnée de montagne
Adolescence, Catherine découvre la montagne en s’installant en Haute Savoie. En 2004, elle « fait » son premier Mont Blanc. Le début d’un grand amour pour ce sommet des Alpes. Plus d’une quarantaine d’ascensions plus tard, son regard se porte sur la haute altitude. D’abord 5.000 ou 6.000 mètres, puis ce sont les 8.000 qui lui font de l’œil. A l’automne 2018, elle s’offre sa première ascension d’un 8.000 : le Cho Oyu, celui « présentant le moins de risques objectifs » explique-t-elle. Au sommet du Cho Oyu, elle l’aperçoit, tout proche… l’Everest. Trop tard, le rêve est trop fort ! En avril dernier, elle arrive donc au Tibet pour en tenter l’ascension. Après quelques jours de trajet via Katmandou, Catherine s’installe au camp de base de l’Everest. Sur ce versant-là, le camp est accessible par la route.
Dès le 18 avril, début de la grimpe pour s’acclimater. Jour après jour, les alpinistes vont plus haut. Jour après jour, leurs organismes s’habituent à l’altitude. Evidemment, Catherine expérimente les périodes de mauvais temps (et les vents très violents) et la longue attente d’une fenêtre météo. Le versant népalais déverse déjà des dizaines de grimpeurs au sommet, côté tibétain on attend toujours. Le 23 mai, vers 5h40 heure locale, elle est enfin au sommet. Sur cette voie, le rétrécissement de la fenêtre météo a aussi créé des embouteillages : « Plus d’une heure d’attente au 3ème ressaut, une autre heure au 2ème. Les échelles ne m’ont posé aucun problème ni à la montée ni a la descente. Hélas un alpiniste s’est éteint juste après ce passage paisiblement… » décrit-elle. « Maintenant je suis super fatiguée, mais quel bonheur » conclue Catherine. Mais quel sera son prochain rêve ?
Elisabeth Revol, l’OVNI rescapée
C’est sur le Nanga Parbat en début d’année 2018 que l’on parlait d’Elisabeth Revol. Cette prof de sport d’un lycée de la Drôme avait pris 2 mois de congés pour (re)tenter l’ascension hivernale du Nanga Parbat, un colosse de plus de 8.000m situé au Pakistan. L’aventure avait hélas viré à la catastrophe avec la mort de son compagnon de cordée. Revenue dans la vallée en vie, Elisabeth Revol allait passer par plusieurs mois de convalescence. Quelle plus belle preuve de son rétablissement que son retour en Himalaya ?
Très discrètement, elle a tenté l’ascension de l’Everest. A sa manière, sans aide et sans oxygène. Catherine et Thomas, eux, ont eu recours à de l’oxygène supplémentaire. Le 23 mai à 9h40, quatre heures après Catherine, 30 minutes avant Thomas, elle était au sommet et savourait sa réussite. Quelques heures plus tard, non contente de son Everest, elle enchaînait avec le Lhotse (8.516m) tout proche ! Se faisant, Elisabeth Revol entrait dans l’histoire de l’himalayisme. Moins de 10 femmes ont déjà réalisé l’ascension de l’Everest sans oxygène.
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