Fin de semaine dernière, une équipe de sherpas ramenait en vie un alpiniste en détresse. Bloqué à 7.500 mètres, un médecin malaisien de 49 ans a ainsi pu être sauvé. Un sauvetage impressionnant avec son lot d’images sensationnelles et son happy-ending de façade. La réalité est sans doute un peu plus complexe. L’état de santé du grimpeur se stabilise à peine et il devrait – au mieux – s’en tirer avec quelques membres amputés. Des questions se posent sur la gestion de l’incident par les différents opérateurs en présence.
L’agence qui organisait l’expédition…
L’expédition était pilotée par l’agence Seven Summit Treks, l’une des plus connues du Népal. L’alpiniste malaisien, Wui Kin Chin, disposait d’un sherpa attitré, chargé de l’accompagner. Dans le début de la descente du sommet, Kin Chin ne se sentait pas bien. Rapidement, il n’a plus été capable d’avancer par ses propres moyens. Un homme seul ne peut pas, à lui seul, porter un alpiniste à plus de 7.000 mètres. Le sherpa a donc décidé de le laisser, avec son oxygène supplémentaire. En l’abandonnant pour aller donner l’alerte, le sherpa a certainement contribué à lui sauver la vie. Les quelques litres d’oxygène ainsi laissés ont allongé de quelques heures l’espérance de vie du Malaisien.
L’alerte a été donnée quelques heures plus tard et l’agence dit avoir pris contact avec Global Rescue, la société d’assurance et d’assistance à laquelle Wui Kin Chin adhérait. D’après les sherpas sur place, la compagnie en question a mis de longues heures avant d’accepter de prendre en charge le sauvetage.
La compagnie d’assistance…
« Quand on a appris que Dr Chin avait disparu, j’ai gardé au camp 4 mon équipe pour organiser le secours. Nous attendions juste qu’on nous largue de l’oxygène par hélicoptère pour que nous puissions immédiatement démarrer les recherches. On m’a expliqué que l’assurance refusait l’urgence et je ne pouvais pas prendre de risques plus longtemps à une si haute altitude. (…) je suis arrivé au camp de base avec mon équipe très tard cette nuit là. (…) Après quatre heures de sommeil, nous sommes finalement remontés pour la mission de secours » explique Nims Dai, le leader des sherpas.
Global Rescue n’aurait autorisé le secours que lorsque la localisation du blessé a été connue. Et ce grâce à un vol de reconnaissance payé comptant par la femme du Wui Kin Chin, basée à Singapour.
De son côté, la société d’assistance explique « l’évacuation a été lancée dès lors que la localisation de notre membre a été connue et qu’il pouvait être atteint en sécurité ». Sur les réseaux sociaux, Global Rescue se drape même derrière le récent scandale des fraudes au secours héliporté au Népal.
Gravir l’un des sommets les plus meurtriers de l’Himalaya ne va pas sans risque. Et contracter une assurance ne les supprime pas. S’il est une évacuation qui se justifiait, c’est probablement celle de Wui Kin Chin. Le constat des médecins à son arrivée à l’hôpital confirme que le blessé est un miraculé. Si le pronostic vital est toujours engagé, son état est suffisamment stabilisé pour envisager un transfert à Singapour dans la journée. Ce matin, un avion médicalisé était déjà arrivé à l’aéroport de Katmandou.
Illustration © Nims Dai, Project Possible.