En 1980, Leszek Cichy était avec Krzysztof Wielicki au sommet de l’Everest pour la première hivernale du toit du monde. C’était une autre époque, l’utilisation de l’oxygène était encore une évidence même pour les alpinistes professionnels. Depuis, Wielicki coordonne les efforts polonais pour vaincre le K2 en hiver. Cichy, lui, est à la retraite. Après 1980, il avait continué sa carrière de grimpeur, devenant le premier Polonais à gravir les 7 sommets. Les deux hommes livrent leur vision des expéditions en cours au K2.
Krzysztof Wielicki souhaite bonne chance aux grimpeurs
Dans une interview pour le magazine espagnol Desnivel, le Polonais Krzysztof Wielicki s’exprime sur les expéditions au K2. « Je leur souhaite bonne chance. S’ils réussissent c’est bien ! S’ils n’y arrivent pas on y va ! ». Celui qui dirigeait l’expédition de l’hiver dernier n’a en effet pas dit son dernier mot. Il organise une nouvelle tentative polonaise pour l’hiver 2019-2020. Dans l’interview, il s’étonne que les 2 équipes installent chacune leurs propres cordes fixes et rappelle ce que l’on constate depuis plusieurs semaine : « l’arbitre de cette course sera la météo ». Il se demande s’ils auront le temps d’établir un Camp 4 à proximité du Bottleneck ; sans ce dernier camp, l’ascension jusqu’au sommet ne lui parait pas réaliste. « Les équipes sont assez fortes pour y arriver, mais cela dépendra de la météo ».
Il questionne également le fait qu’Alex Txikon soit accompagné de sherpas. « Ils n’iront pas au sommet s’il y a des risques, ils veulent rentrer à la maison et être prêts pour les expéditions du printemps, c’est leur gagne pain ». Et d’enfoncer le clou « la relation entre deux alpinistes, c’est la corde et la passion, rien de plus (NDLR : pas un salaire…) ». Aujourd’hui, grimper avec des sherpas est souvent assimilé aux expéditions commerciales. Ce qui fait dire à Krzysztof Wielicki : « dans notre communauté, on trouve ça étrange ».
L’alpiniste Leszek Cichy explique les difficultés à venir
Pour le journal polonais Wspinanie l’alpiniste polonais Leszek Cichy parle des difficultés au-dessus de la Pyramide noire (gravie la semaine dernière par les Russes). Il explique que la zone qui suit la pyramide, « l’Epaule », n’est pas très technique. La vraie difficulté est l’orientation : « il faut naviguer, chercher sa route entre les séracs et les crevasses ». Ensuite l’arrivée au Bottleneck constituera une nouvelle étape clé. « Tout dépendra de l’état du passage et de la présence de neige ou de glace ». Comme Wielicki, il considère que les alpinistes se sont pas encore suffisamment acclimatés. « Ils devraient passer la nuit à 7.300, monter jusqu’au camp 4 (NDLR : qui n’existe pas encore) et redescendre. ». Et même dans ces conditions, Leszek Cichy explique que le risque est très élevé. Pour lui : « le K2 en hiver sans oxygène peut être réalisé mais certainement pas en sécurité ».
Il n’est pas tendre non plus avec Alex Txikon qui passe « beaucoup de temps au camp de base », ni avec la concurrence entre équipes qui poussent les grimpeurs à équiper la voie en double.
Illustration Wielicki à gauche, Cichy à gauche. Image de l’expédition de 1980 à l’Everest. © Bogdan Jankowski – Zbigniew Kowalewski ; Andrzej Paczkowski