La suédoise Carina Ahlqvist part pour le Makalu sponsorisée par l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Mais l’ESA n’est pas un sponsor traditionnel. Sous l’égide des Nations Unies, l’agence a lancé son programme Climate Change Initiative. Elle participe au recueil à grande échelle de données et d’échantillons visant à mieux suivre et comprendre les changements climatiques. Une grande partie de ces données proviennent d’observations satellites. En ce sens, on comprend bien l’implication d’une agence spatiale. Mais ces observations à distance sont complétées par des prélèvements sur le terrain. Ces travaux portent aussi bien sur l’humidité des sols, le niveau des océans, les mouvements de la banquise, l’épaisseur de la couche d’ozone, le recul des glaciers…
Le Glacier du Barun
Ce grand glacier part du Baruntse, un sommet de plus de 7.100 mètres et descend jusqu’à un grand lac, le lac Barun, situé à environ 4.500 mètres. Au fil des observations, les scientifiques ont pu mesurer le recul du glacier et l’expansion du lac. Dans les années 90, le lac s’étirait sur un kilomètre. Aujourd’hui, les images satellites montrent un lac trois fois plus étendu. L’un des glaciologues du projet confirme la logique : « les observations satellites jouent un rôle central dans le suivi de l’évolution des glaciers, notamment lorsqu’ils sont difficilement accessibles. Mais des observations sur le terrain dans le massif du Makalu auront un vrai rôle complémentaire. Elles aideront à mieux calibrer et interpréter les mesures issues des satellites ». Les scientifiques qui font partie de l’expédition vont notamment étudier les débris laissés par le recul du glacier.
Les scientifiques laissent la place aux sportifs
Mais cette aventure est aussi un défi sportif. La leader de l’expédition, la suédoise Carina Ahlqvist, compte bien terminer cette belle aventure par un sommet de choix. Le Makalu et ses 8.451 mètres. Le cinquième plus haut sommet de la planète ne se laissera pas facilement conquérir, c’est une montagne technique qui a, par le passé, fait de nombreuses victimes. Avec l’Annapurna, le Makalu fait partie des deux sommets de plus de 8.000 mètres conquis historiquement par la France. C’est en mai 1955 que Lionel Terray et Jean Couzy ont été les premiers à gravir ce sommet.
Si Ahlqvist réussit son pari, elle sera la première femme scandinave à arriver au sommet du Makalu. Elle compte bien agiter le drapeau de la Climate Change Initiative au sommet, contribuant ainsi à faire parler des problématiques de changement climatique. En 2014, la Suédoise avait déjà réussi l’ascension du Cho Oyu (8.201m) ; en 2016, elle était sur l’antécime du Manaslu à presque 8.150 mètres. Au-delà des exploits de haute altitude, elle contribue depuis plusieurs années à collecter des échantillons pour aider les scientifiques à comprendre les changements climatiques. A ce titre, elle a rapporté du Manaslu de quoi alimenter de chercheurs de plusieurs universités américaines. A cette époque, ses expéditions se déroulaient sous le patronage de la NASA.
Illustration © Carina Ahlqvist – en savoir plus