Dès le 25 avril 2015, une série de tremblements de terre a affecté le Népal. Le premier, le plus puissant, a été mesuré à une magnitude de 7,9 sur l’échelle de Richter. Les répliques qui ont suivi ont été violentes. Pendant près de deux semaines, la terre a continué de trembler. Plus de 9.000 morts, plus de 20.000 blessés et un demi-million de déplacés. Plus de 160.000 habitations ont été détruites, presque autant ont été sérieusement endommagées.
Des stigmates encore omniprésents
Trois ans après, la capitale Katmandou porte toujours les stigmates de ces deux semaines tragiques de 2015. Si la reconstruction de la plupart des temples et des palais de la ville n’en est encore qu’à ses débuts, elle est le théâtre d’une étonnante compétition que la presse népalaise dénonce. Car ce ne sont pas les entrepreneurs du pays qui réalisent ces travaux. Sur chacun des principaux monuments fleurissent des drapeaux étrangers. Le Gaddi Baithak, un palais centenaire, voit flotter le drapeau américain. C’est le fonds culturel de l’ambassade américaine qui finance. Le Hanuman Dhoka palace est repris en main par les Chinois. Les Japonais ont pris à leur charge l’Agam Shen. Dans ce grand capharnaüm, les services de l’Etat en charge des monuments nationaux et de l’archéologie n’a même pas son mot à dire.
Chez les particuliers, la reconstruction avance encore moins vite. L’état a mis en place un vaste programme qui permet aux habitants de recevoir un petit bout des quelques 4 milliards de dollars reçus du monde entier dans le but de construire une nouvelle maison. Mais enter 10 et 20% des habitations détruites ont été à ce jour reconstruites. Le reste est partiellement en travaux. Et rien pour les 5 millions de logements qui nécessitent une importante rénovation si on ne veut pas les voir s’écrouler comme des châteaux de cartes dès le prochain séisme.
Le tourisme a repris
Sur le front de l’activité économique, le tourisme a été le premier secteur à se relever. En 2014, l’année avant les tremblements de terre, le pays avait reçu quelques 790.000 touristes, un niveau assez stable sur quelques années. Si 2015 a vu plonger cette statistique, le niveau d’avant les séismes était quasiment retrouvé en 2016. En 2017, ce sont près de 940.000 visiteurs qui sont passés par le Népal. Et le pays table sur 1,5 millions en 2020. Ces chiffres sont tirés vers le haut notamment par les deux grands géants : Chine et Inde. Pour accueillir plus de monde, un deuxième aéroport international est en construction au sud-ouest du pays. Il devrait être inauguré l’an prochain.
Cette rapide multiplication par deux du nombre de touriste ne sera pas sans conséquence. Le besoin en infrastructure se fait déjà sentir et même si les officiels veulent se montrer rassurants, sur le terrain, les touristes pointent du doigt les actuelles limites du système. Deepak Raj Joshi, patron du Nepal Tourist Board, l’assure : « Nous devenons progressivement capables d’atteindre notre cible de 2020 ». A l’inverse, sur son blog, Dave partage ses expériences. Dans un récent billet sur le Népal, il rappelle les difficultés à s’échapper de l’aéroport, les coupures de courant, et les difficultés à prévoir dans un pays qui « n’a finalement pas beaucoup changé entre 2011 et 2018 ».
Un pays encore largement en travaux, des projets de développement pharaoniques qui ne verront peut être pas le jour, des milliers d’habitants encore sans logement sûr… Et les scientifiques sont formels. Une catastrophe comme celle de 2015 pourrait se reproduire à tout moment. L’Himalaya se situe à la rencontre des plaques indiennes et eurasiennes et toute cette zone est susceptible de trembler à nouveau dans le futur.
Illustrations : © Bikram Rai | © UK department for international developement