Lhakpa Sherpa est la première népalaise à avoir atteint le sommet de l’Everest. Et à être redescendue vivante. C’était en 2000. Dix-huit ans plus tard, elle y est retournée sept fois. Détentrice de ce record mondial de la femme qui a gravi l’Everest le plus grand nombre de fois (8 fois), elle est de retour cette saison sur les pentes du toit du monde. En ligne de mire, une neuvième fois au sommet ! Mais Lhakpa est surtout là pour travailler et accompagner des clients dans le cadre d’une des nombreuses expéditions commerciales. Mais qui est cette femme si discrète ?
Lhakpa Sherpa, attention aux homonymes
Membre de l’ethnie Sherpa, elle porte le même nom que tous les autres. Sherpa. Son prénom est, comme le veut la tradition, son jour de naissance. Même si cette règle n’est pas toujours respectée, elle génère quantité d’homonymes puisqu’il n’y a guère que 7 jours dans la semaine. Lorsqu’on nait un mercredi – Lhakpa en dialecte tibétain – on s’appelle donc Lhakpa Sherpa. On trouve donc des femmes comme des hommes qui portent ce nom. Il peut alors être affublé d’une précision sur le lieu d’origine pour éviter des confusions ! Récemment, nous vous avions parlé de Dawa Yangzum Sherpa. Une guide népalaise, née un lundi (Dawa). Yangzum marque sa région d’origine.
Une femme de ménage un peu spéciale
« La » Lhakpa Sherpa dont on parle ici a 44 ans (environ 44 ans, car comme beaucoup de sherpas, sa date de naissance n’a jamais été enregistrée et l’information demeure donc approximative). Elle grandit dans la région du Makalu (Népal), au sein d’une famille nombreuse. Elle n’a pas quinze ans quand elle commence à porter des charges sur les pentes himalayennes. Puis de porteur, elle devient aide-cuisinier sur des expéditions et finit par s’essayer à la grimpe en haute altitude. D’abord sur des « petits » sommets comme le Mera Peak (6.476m) ou le Yala Peak (5.520m). Puis de plus en plus haut…
De quelques années de vie à Katmandou, elle revient avec un premier enfant, un garçon. Elle pratique l’alpinisme depuis déjà pas mal d’années lorsqu’elle rencontre George Dijmarescu, un grimpeur américano-roumain avec qui elle partage vite sa passion de la montagne. Ils se marient et Lhakpa s’installe alors aux Etats-Unis. Là-bas, dans le Connecticut, elle est femme de ménage et caissière. Deux petits jobs pour subvenir aux besoins de sa famille. Tout le temps qu’elle passe derrière sa caisse, elle pense à ses montagnes. Elle pense à la prochaine fois qu’elle reviendra au Népal. Chaque année, quand elle part pour l’Himalaya, elle réalise des exploits. En 2016, la petite femme de ménage du Connecticut est même l’héroïne d’une série de la BBC qui présente 100 femmes incroyables autour du monde. Malgré un divorce difficile aux accents de violence conjugale, Lhakpa est restée vivre aux Etats-Unis avec ses deux filles et son fils. Elle ne sait ni lire, ni écrire, ni conduire. Dans sa jeunesse, les écoles n’existaient pas dans les campagnes reculées du Népal.
Il y a quelques années, elle avait affirmé vouloir continuer à grimper l’Everest. Elle se fixait alors comme objectif les 10 ascensions. Après la saison à venir, il ne lui en restera peut-être plus qu’une seule !
Petite conférence sans prétention
Dans sa ville américaine de West Hartford, elle a donné il y a quelques mois une conférence sur ses exploits. Même si la vidéo est de mauvaise qualité, elle vaut le coup d’œil car Lhakpa ne s’exprime quasiment jamais en public. Elle présente son parcours devant quelques dizaines de spectateurs réunis dans une petite salle de bibliothèque.
Illustration : © 7summitsClub