MISE A JOUR 21/06 : Le procureur en charge de l’affaire a mis en évidence le vide juridique dans lequel tombe cet avion. Il s’agit bien d’une violation manifeste du code de l’environnement, en l’occurrence de l’article qui interdit les « déposes de passagers à des fins de loisirs (…) en montagne ». Mais cet article ne mentionne aucune sanction en cas de non respect. Seule possibilité pour les autorités, une contravention de première classe qui répond à la violation d’un arrêté préfectoral émis il y a plus de 50 ans, concernant les règles aériennes dans la zone. Une telle amende correspond à 38 €.
Mardi 18 juin 2019, un petit avion de tourisme s’est posé à proximité du Mont Blanc, en plein cœur du massif. Dérouté suite à une panne technique, au bord du crash, l’appareil n’a pas trouvé d’autre terrain d’atterrissage que les neiges du toit de l’Europe ? Non, rien de tout cela. Ce sont juste deux Suisses qui ont eu l’idée de raccourcir leur ascension du Mont Blanc, en faisant la majeure partie en avion. Ils ont donc choisi la zone la plus propice pour se poser. Il ne leur restait plus qu’à gravir quelques centaines de mètres pour rejoindre le sommet.
Mais le PGHM veillait…
Et qu’importe si se poser à 4.450 mètres d’altitude dans cette zone est interdit. Manque de chance, un hélicoptère du PGHM passait par là et a aperçu la scène. Les occupants de l’avion avaient déjà quitté la carlingue et avaient entamé l’ascension, crampons aux pieds, piolets en main. Ils ont fait demi-tour voyant les gendarmes s’intéresser à leur avion.
Un tel incident est tellement rare que les gendarmes étaient bien en peine de verbaliser quoique ce soit. Les aviateurs-grimpeurs pourraient être concernés par une infraction au code de l’Aviation Civile et/ou au code de l’Environnement. Dans tous les cas, cette « atteinte intolérable à l’environnement de haute montagne et à toutes les mesures de protection existantes », selon Eric Fournier – Maire de Chamonix, ne devrait pas rester sans suite.
Les gendarmes ont encouragé les aviateurs à quitter les lieux, ce qu’ils ont fait sans se faire prier.
Lire aussi : Un avion s’écrase dans le massif de Belledonne, au-dessus de Grenoble
Un avion de l’Aéroclub de Genève
L’avion en question, un Piper propriété de l’Aéroclub de Genève était difficile à rater. Avec sa couleur rouge étincelante et l’inscription Breitling, plusieurs témoins affirment l’avoir vu se poser à proximité des Rochers Rouges Supérieurs. L’office fédéral de l’aviation civile (la DGAC suisse) s’est saisi du dossier et compte ouvrir une enquête au sujet du pilote suisse. La marque Breitling s’est immédiatement désolidarisée du sujet. Si son nom est bien inscrit sur l’appareil, elle n’est pas liée à cette opération. Dans un communiqué, l’Aéroclub de Genève tente d’expliquer que la zone choisie était bien homologuée pour un atterrissage en montagne. Il existe bien une zone permettant, selon certaines conditions, de se poser près du Dôme du Goûter mais, d’après le constat du PGHM, l’avion en question n’était pas posé là…
En France comme en Suisse, ce qu’encourent le pilote et les passagers de l’avion n’est pas clair. Côté suisse, une amende pouvant aller jusqu’à 20.000 Francs (soit presque 18.000 €) a été évoqué par plusieurs médias helvètes.
Dans l’Histoire, d’autres avions ont atterri au cœur du Massif du Mont Blanc. Parfois de façon tragique, on se souvient notamment de l’histoire des deux avions de ligne d’Air India qui s’étaient écrasés en 1950 et 1966.
Illustration © Laurent Leemans – Facebook