Un torrent en crue a emporté le petit hameau de La Bérarde (Isère). Tous les habitants avaient pu être évacués à temps.
Depuis des siècles, le petit village de La Bérarde occupait un petit recoin de vallée à la rencontre du torrent des Etançons et du Vénéon. Jadis inconnu, le hameau avait vécu un certain essor grâce au tourisme dès la fin du XIXème siècle. En 1890, on pouvait lire dans Grenoble-Revue : « on rencontre à 1738 m au-dessus du niveau de la mer quelques misérables chaumières formant le hameau de la Bérarde. Et dont l’existence, naguère encore ignorée de la plupart des Dauphinois eux-mêmes, est aujourd’hui connue aux quatre coins de l’Europe » !
Jusqu’en 2009, on vivait à l’année à La Bérarde, malgré la route fermée en hiver. Dans « les années 1900, une véritable vie s’organisait tout au long de l’année entre l’alpinisme et l’agriculture à la belle saison, tandis que l’hiver était consacré à l’école » explique l’Office de Tourisme de l’Oisans . La Bérarde était devenue un point d’entrée dans le Parc National des Ecrins. Haut lieu de l’alpinisme aux portes de la Meije.
Inondations historiques à La Bérarde
Mais il y a quelques heures, la crue des torrents a emporté le village. Il ne reste plus grand-chose des maisons, et l’église éventrée a perdu son clocher. Quant à la route, elle est impraticable. En cause : la météo et des pluies diluviennes venues grossir des torrents déjà bien alimentés par la fonte des neiges. Et quand les matériaux charriés par le torrent viennent se bloquer sous le premier pont venu (formant une embâcle), l’eau trouve un autre chemin. Et traverse le village. D’autres causes sont évoquées mais demandent à être étayées comme une poche glaciaire qui aurait pu se former en amont et céder.
Quatre hélicoptères ont fort heureusement permis l’évacuation dans les temps des habitants et alpinistes présents à La Bérarde. Aucune victime n’est donc à déplorer mais le village n’existe désormais plus. Des mois, des années pour reconstruire ? Pourra-t-on seulement reconstruire à cet endroit ? Les questions sont sans réponse au lendemain de ce véritable raz-de-marée. Le Ministre de la Transition Ecologique parle déjà d’un fonds d’urgence mais l’incertitude prédomine.
Plus bas dans la vallée, des travaux déjà enclenchés pourraient permettre la réouverture de la route. Plusieurs hameaux demeurent coupés du monde.
Illustration © Police Nationale