Quelques jours seulement après l’incendie qui a dévasté un hôtel d’une station de ski turque, de nombreuses négligences se font jour. Elles expliqueraient pourquoi un tel incendie a pu avoir lieu, faisant autant de victimes.
Le 21 janvier 2025, un incendie tragique a ravagé le Grand Kartal Hotel, situé dans la station de ski de Kartalkaya, dans la province de Bolu, causant la mort de 78 personnes et blessant plus de 50 autres. Le feu s’est déclaré dans la section du restaurant, au quatrième étage, avant de se propager rapidement aux autres niveaux. Ce drame a mis en lumière de graves lacunes en matière de sécurité incendie. Les survivants ont rapporté l’absence d’alarmes, de systèmes de sprinklers et de sorties de secours conformes. Ce qui a poussé certains à sauter par les fenêtres pour échapper aux flammes.
De premier éléments de l’enquête ont révélé que, dès le 12 décembre 2024, la direction de l’hôtel avait demandé une inspection de sécurité incendie auprès du service des pompiers de la municipalité de Bolu. Cette inspection, réalisée le 16 décembre, avait mis en évidence de nombreuses déficiences critiques. Le rapport mentionnait l’absence de sorties d’évacuation conformes, le manque d’éclairages d’urgence et de signalisation directionnelle. Mais aussi des failles dans les systèmes d’alarme et de détection de fumée, et les équipements d’extinction. Les zones proches de la piscine, du spa et du restaurant avaient également été jugées non conformes.
Malgré ces constats alarmants, l’hôtel n’a pas été fermé, et aucune sanction n’a été appliquée. La direction de l’établissement a annulé une demande de réinspection le 24 décembre. Pourtant, le 2 janvier 2025, un certificat de conformité incendie a été délivré par le département des pompiers pour le restaurant de l’hôtel, permettant à celui-ci de poursuivre ses activités.
L’enquête a également révélé des irrégularités au sein des autorités locales. Sedat Gülener, adjoint au maire de Bolu et neveu du maire Tanju Özcan, a signé le certificat de conformité incendie pour le restaurant. Gülener, qui avait été nommé superviseur des pompiers en 2023 malgré son manque d’expérience, est aujourd’hui l’un des 11 individus arrêtés dans le cadre de cette affaire. Aux côtés du chef intérimaire des pompiers, Kenan Coşkun.
Cette tragédie a relancé les débats sur les lacunes de la réglementation de la sécurité incendie en Turquie. Les critiques pointent du doigt la négligence des autorités locales et les failles dans l’application des lois. Des appels à des réformes se multiplient. Notamment pour clarifier les responsabilités entre les autorités locales et nationales et renforcer les contrôles. Par ailleurs, un rapport préliminaire a estimé que le bâtiment du Grand Kartal Hotel était gravement endommagé. Des experts doivent encore déterminer s’il peut être restauré ou devra être démoli. Le ministre de la Justice, Yılmaz Tunç, a assuré que l’enquête serait menée de manière approfondie. Afin d’établir toutes les responsabilités dans ce drame qui a endeuillé le pays.
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