Si le terme « crétin » est passé dans le langage courant pour désigner une « personne stupide », il a longtemps désigné une réalité beaucoup plus médicale. Quand Hergé utilise « crétin des Alpes » comme l’une des insultes fétiches du Capitaine Haddock, ils n’ont pas encore totalement disparu des montagnes. Le « Crétin » désignait alors une pathologie, longtemps incomprise, qui apparaissait plus particulièrement au fin fond des vallées alpines. Le phénomène n’est pas propre qu’à la France. Au siècle dernier, les crétins étaient nombreux dans tout l’arc alpin, mais aussi dans les Rocheuses ou la région des Grands Lacs (Amérique du Nord). Mais qu’était donc ce crétin des alpes ?
Des troubles de la thyroïde !
Il s’agit en fait de troubles physiques et mentaux liés à un problème de thyroïde. Longtemps recherchée, la raison de ce dysfonctionnement thyroïdien est une carence en iode. Cet oligo-élément est naturellement présent dans les poissons, les fruits de mer ou encore les algues. Ces mets étaient évidemment impossibles à se procurer dans les lointaines vallées alpines des siècles passés. Résultat, c’est dans ces régions reculées que les carences en iode étaient les plus marquées et les conséquences les plus visibles. Au milieu du XIXème siècle, on compte près de 100.000 goitreux principalement dans les Alpes et les Pyrénées.
Croissances difformes, apparition de goitres, nanisme étaient quelques-unes des conséquences physiques. Elles s’accompagnaient d’un handicap mental plus ou moins marqué. Au XIXème siècle, ces « crétins des Alpes » sont souvent placés en asile. A cette époque, le lien entre leur pathologie et la carence en iode n’est pas encore démontré. Désormais établi, ce lien a permis une quasi-éradication du crétinisme dans les pays occidentaux. L’une des principales mesures ayant consisté à enrichir en iode le sel de table. Tous les sels ne sont pas enrichis en iode, comme certains sels marins ou encore le sel rose de l’Himalaya !
Lire aussi : Histoire des Crétins des Alpes, Antoine de Baecque, Editions La Librairie Vuibert, 24,9 €
Illustration © Franz Sartori (dessin autrichien)