Une étude scientifique américaine réalisée sur des prélèvements du printemps 2019 à l’Everest montre la présence de polluants très redoutés. Ils proviennent en partie des traitements qui rendent le matériel de montagne imperméable.
On savait les hautes montagnes de la planète concernées par les micro-plastiques, désormais on a la preuve que certains polluants chimiques y sont également présents. Il s’agit de Perfluorés (PFAS), une famille de perturbateurs endocriniens utilisés dans de nombreux domaines, et notamment dans le textile. Ces polluants sont présents dans l’atmosphère et peuvent donc, à la faveur du vent, se retrouver sur l’Everest. Mais pas dans de telles proportions. L’équipe de chercheurs qui s’est rendue à l’Everest au printemps 2019 pencherait plutôt pour d’autres sources de pollution. En lien avec l’exploitation touristique de cette montagne mythique. D’autant que la concentration en Perfluorés est plus importante dans les zones de passage important. Comme le camp de base.
La cause atmosphérique écartée
En effectuant des prélèvements additionnels sur de la neige fraichement tombée, les chercheurs ont remarqué la quasi-absence de ces polluants. Confirmant que la source atmosphérique n’était que marginale. La cause pourrait donc bien être attribuée aux grimpeurs et à leur matériel. Leurs vêtements mais aussi leurs tentes sont généralement recouverts d’un traitement déperlant ou imperméabilisant. Derrière ces propriétés indispensables aux expéditions, se cachent bien souvent l’utilisation de ces Perfluorés. Si la production de textile contenant des PFAS est largement encadrée sinon interdite en Europe comme aux Etats-Unis, ce n’est pas le cas dans le monde entier. Sur l’Everest, le matériel utilisé massivement ne tombe pas sous le coup de ce type de règlementation. Certains pays d’Asie, qui produisent massivement du textile technique, n’ont pas le même type d’encadrement.
Les PFAS sont très résistants, la pollution de l’Everest irréversible ?
La particularité de ces Perfluorés est leur résistance. Ils ne se dégradent pas dans l’environnement, ni dans le corps humain. « Si elles continuent à être rejetées, [ces particules] ne cesseront de s’accumuler dans l’environnement, dans l’eau potable et dans les aliments » prévient l’Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA).
D’après les scientifiques de l’Université du Maine qui ont réalisé ces relevés sur l’Everest, cités par le Washington Post (lien en anglais), l’impact des PFAS combiné à celui des micro-plastiques pourraient être très dommageable pour la santé des populations. Notamment celles qui dépendent de l’eau de fonte himalayenne. Des millions d’habitants d’Asie boivent l’eau venue des plus hauts sommets de la planète. Les scientifiques expliquent que les concentrations de polluants se dirigent dangereusement vers des niveaux où la consommation d’eau n’est plus « sûre ».
Illustration © Pasang Lama – CC BY-SA 4.0