Quand l’équipe emmenée par le Docteur Samuel Vergès est arrivée à la Rinconada au Pérou, en 2019, c’était pour découvrir et étudier une population hors du commun. A près de 5.300 mètres d’altitude, quelques 50.000 habitants vivent et travaillent dans l’exploitation de l’or (voir vidéo en fin d’article). « Il faut comprendre qu’à la base, on considère qu’au-dessus de 5.000 mètres, aucune vie n’est possible » nous explique Axel Pittet, en charge de la communication du projet. Une vraie énigme pour la science !
Des milliers d’habitants vivent avec le Mal Chronique des Montagnes
Tests à l’effort, prises de sangs, les Péruviens se prêtent au jeu des batteries d’examens. Si bien que des quelques dizaines de patients qu’ils imaginaient trouver au départ, c’est finalement un petit millier d’habitants qui se pressent dans le laboratoire installé au cœur de la cité minière.
Les premières découvertes sont alors très surprenantes : « près d’1/4 des habitants vivent avec le Mal Chronique des Montagnes : maux de tête, fatigue, nausées ». Et tous ont un taux de globules rouges impressionnant, presque le double de celui qu’on trouve chez un habitant des plaines. Résultat, un sang plus visqueux, des artères dilatées parfois deux fois plus large que la normale et des risques d’accidents cardiovasculaires décuplés.
Les habitants savent qu’ils mettent leur vie en danger à si haute altitude. Mais ils n’ont guère le choix : « ils viennent là pour le travail, ils vivent dans la misère ».
2020 : l’heure est aux essais de traitements
Un an plus tard, en février 2020, l’équipe retourne sur place. Dans cette seconde phase, il est question de traitement. Les médecins vont tester l’utilisation du Diamox sous forme de cure et d’autres nouveaux traitements. Objectif : corriger la viscosité du sang et réduire les symptômes du Mal Chronique des Montagnes. Il sera aussi question de prévention.
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Au-delà de l’aide concrète apportée aux populations locales, qui pour la plupart n’avaient jamais croisé de médecin de leur vie, ces expéditions successives ont un apport précieux pour la science. Ces travaux permettent de mieux comprendre le fonctionnement du corps humain en hypoxie, tant pour des trekkeurs de haute altitude que pour certains malades respiratoires. Le laboratoire Hypoxie Physiopathologie (HP2) de l’INSERM et l’Université de Grenoble qui pilote le projet est un des leaders mondiaux de la recherche sur l’hypoxie.
Illustration La Rinconada © Expedition 5300 – 2020