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Ne restez pas trop dans la « zone de la mort » !

En anglais « Death Zone », la zone de la mort désigne la très haute altitude. Celle au-delà de laquelle il est impossible de vivre et presque impossible de survivre. La raréfaction de l’air y altère grandement le fonctionnement du corps humain. On a coutume d’expliquer qu’à ces altitudes, l’organisme ne peut que se détériorer. La seule solution pour ne pas mourir est donc de rester le moins possible dans cette zone et de redescendre au plus vite. C’est dans cette zone que se développent le plus facilement des œdèmes de haute altitude mais le « simple » épuisement y est aussi une cause de mortalité très répandue.

Un concept qui ne date pas d’hier

Dans les années 1950, l’alpiniste scientifique Edouard Wyss-Dunant était le premier à théoriser le sujet suite à sa participation à l’expédition suisse à l’Everest.

« J’avais parlé de zone létale. En voici quelques explications.
Survie est le seul mot adapté pour décrire le comportement de l’homme dans cette zone mortelle qui commence au-dessus de 7.800 mètres. La vie ici est impossible et s’y maintenir quelques jours requiert toute la volonté de l’homme. La vie ne tient qu’à un fil à tel point que l’organisme, épuisé par l’ascension, peut passer en quelques heures d’un état de somnolence à une mort blanche. (…) Ce n’est plus une question d’adaptation mais d’un nombre de jours ou d’heures passées là. »

Au-dessus, le Suisse fait même une nouvelle distinction. Ce qu’il qualifie de « zone ultime » entre 8.600 mètres et le sommet de l’Everest. Une zone qui n’existe que sur deux montagnes au monde (le K2 et l’Everest).

« Il semble que cette altitude soit une frontière physiologique que seuls quelques explorateurs talentueux et bien équipés peuvent dépasser. »

Lire aussi : Il y a moins d’oxygène en altitude : Vrai et Faux !

Un ensemble de facteurs

Si l’hypoxie est le principal problème dans cette zone de la mort, ce n’est pas tout. L’hypoxie est une diminution de la quantité d’oxygène qui arrive jusqu’aux organes. Elle est directement liée à la quantité d’oxygène qui entre dans les poumons. Plus l’altitude augmente, plus l’air se raréfie (et l’oxygène qu’il contient suit la même logique !). S’ajoute à ce phénomène les températures et le vent qui peuvent mettre les corps à rude épreuve.

Tous ces paramètres conduisent à la mise à l’arrêt d’un certain nombre d’organe. C’est ainsi que le système digestif va être quasiment stoppé, de même que toute une partie du système cognitif. En clair, vous ne pouvez plus rien avaler (dommage parce que sans carburant, on avance moins vite) et vous ne réfléchissez plus très clairement. La circulation sanguine peut aussi être affectée faisant courir le risque d’une faible irrigation des extrémités. La conséquence pouvant se matérialiser sous la forme de gelures.

Les grimpeurs qui utilisent des bouteilles d’oxygène ne sont pas à l’abri de cette Death Zone. Il faut comprendre que le flux qui provient de leurs bouteilles leur permet de respirer un mélange de l’air ambiant et de cet oxygène. Il soulage un peu l’organisme mais ne fait pas des miracles. Même sous oxygène, un alpiniste ne peut rester longtemps à cette altitude. Le débit d’oxygène est trop faible.

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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