Voilà près d’un millénaire que l’Hospice du Grand Saint Bernard accueille les voyageurs. Quelque part au cœur des Alpes, à près de 2.500 mètres d’altitude, cette vocation d’hospitalité est restée intacte. Connue pour ses fameux chiens, les Saint Bernard, l’Hospice est un lieu de passage. Même depuis la construction du Tunnel du Grand Saint Bernard en 1964, les visiteurs demeurent nombreux. Mais son histoire ne se limite pas aux chiens, loin de là.
Il y a près de 2.000 ans, on circulait déjà dans le secteur. Une voie romaine passait par là, la Via Francigena. Et un temple dédié à Jupiter y trônait. Celui qu’on appelle aujourd’hui le Col du Grand Saint Bernard s’appelait alors le Mons-Joux ou Col du Mont-Joux (de Jovis, Jupiter). Les siècles passèrent et le Col restait un point de passage important pour les hommes et les marchandises. Les voyageurs et pèlerins redoutaient néanmoins le voyage. Entre pillards et Sarrasins, le col était de moins en moins sûr.
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L’Hospice du Col du Mont-Joux, puis du Grand Saint Bernard
Au XIème siècle, l’archidiacre de la cathédrale d’Aoste, un certain Bernard (Bernard d’Aoste), eut une idée. A force d’accueillir dans la vallée des voyageurs épuisés par la haute montagne, et terrorisés ou dépouillés par des bandits de grands chemins, Bernard fonda un établissement d’accueil au niveau du Col. L’Hospice vit le jour en 1050. Et Bernard devint Saint quelques années après sa mort. Depuis, on continue d’accueillir des voyageurs : pour une nuit ou un repas.
S’il est aujourd’hui conseillé de réserver par internet, il est toujours possible de s’y reposer et d’échanger avec quelques-uns des membres de la Congrégation des Chanoines du Grand Saint-Bernard. Près de 10.000 nuitées par an sont comptabilisées à l’Hospice. Mais s’il est aisé de s’y rendre en été, la route est ouverte de début juin à mi-octobre, c’est une autre paire de manches en hiver. Seules les raquettes ou les skis de randonnée permettent de rejoindre l’Hospice.
Ce n’est qu’au XVIIIème siècle que commença la tradition de l’élevage. Issu de croisements entre des chiens des vallées voisines, le Saint-Bernard était né. En 1800, Bonaparte et quelques 46.000 hommes passèrent par-là sur le chemin de la Campagne d’Italie. Impressionnés par ces chiens, ils portèrent sa réputation dans toute l’Europe. Cet animal imposant était initialement dressé comme chien de garde, avant de se retrouver mêlé à des histoires (et des légendes) de secours en montagne.
Un chien d’avalanche ?
Pesant souvent près de 70kg, affublé d’un tonnelet d’eau de vie, il pouvait effectivement secourir des promeneurs égarés. Son image de chien d’avalanche, en revanche, n’a rien d’avéré. La Congrégation s’occupa de l’élevage des chiens jusqu’en 2005 où la Fondation Barry (du nom d’un des chiens les plus célèbres) prit le relais. Les animaux passent toujours une bonne partie de l’été au Col du Grand Saint Bernard et attirent nombre de touristes. Ils sont un des symboles de la Suisse. Quant à Barry, à qui on attribue près de 40 sauvetages, il est une star du Musée d’Histoire Naturelle de Berne !
Illustrations © Dr. Gustav Nünnicke CC BY-SA 3.0