Dans un article paru en mars 1878 dans The Geographical Magazine, on en apprend plus sur le topographe britannique dont le principal fait d’arme retenu par l’histoire est : il a baptisé le K2. Ce dernier venait de mourir prématurément à l’âge de 48 ans, emporté par la maladie. On notera que l’altitude du K2, mesurée à cette époque, demeure à 11 mètres près l’altitude exacte retenue aujourd’hui. Autre détail, l’appellation « K2 » devait être temporaire, elle demeure encore aujourd’hui. Extraits de cet article dédié à Thomas George Montgomerie :
<< Parmi les jeunes géomètres qui furent formés sous les auspices de Sir Andrew Waugh, il n’y eût personne qui rendit meilleur service durant sa carrière et dont la perte prématurée fut aussi terriblement ressentie que feu le Colonel Montgomerie.
Thomas George Montgomerie, le troisième fils du Colonel Montgomerie, d’Annick Lodge et neveu du douzième Comte d’Eglinton, naquit à Ayr le 23 avril 1830. Tandis qu’il obtint la Médaille Pollock du meilleur cadet de l’année à l’Académie Militaire d’Addiscombe, il entra au service de la Compagnie Britannique des Indes Orientales en tant que Lieutenant au sein des « Ingénieurs du Bengale » le 8 juin 1849.
Très vite après son arrivée en Inde, Montgomerie intégra le Great Trigonometrical Survey (NDLR : projet visant à cartographier l’Empire Britannique) en octobre 1852. (…)
Dès que sa mission à Karachi fut terminée, les travaux de cartographie au Cachemire et sur les imposantes montagnes à proximité de la frontière tibétaine commencèrent. Le Capitaine Montgomerie n’était que dans sa 25ème année quand cette mission difficile lui fut confiée par Sir Andrew Waugh. Il commença les travaux au printemps 1855 et pendant la première saison, il s’intéressa à la chaîne du Pir Panjal, au Cachemire. Deux de ses stations d’étude étaient situées à 4.000 et 4.600 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les matériaux de constructions nécessaires à ces stations durent être retrouvés sous une épaisse couche de neige et des membres de l’équipe furent bloqués dans l’une de ces stations pendant 22 jours, en raison de tempêtes de neige et d’une brume tenace.
Par la suite, à mesure que l’équipe progressait dans les montagnes, l’altitude des stations approchait les 5.200 mètres et des signaux lumineux furent utilisés pour effectuer des mesures depuis des sommets à 5.800 et 6.100 mètres d’altitude. Entre 1855 et 1861, le jeune Montgomerie étendit ses travaux de triangulation sur quelques 240 km². Un des membres fit des observations depuis une station à 6.300 mètres et des repères furent installés sur des sommets mesurant jusqu’à 6.547 mètres.
Montgomerie détermina l’altitude d’une montagne de la chaîne du Karakoram, temporairement nommée K2, qui est la seconde plus élevée après l’Everest, avec une altitude de 8.622 mètres. (…)
Mais le travail pour lequel le Colonel Montgomerie est généralement connu parmi les géographes est son emploi systématique d’explorateurs locaux pour réaliser des découvertes au-delà des frontières septentrionales de l’Inde Britannique. Il espérait par ces moyens pouvoir couvrir toutes les régions entre les territoires russes et britanniques. Les locaux peuvent se déplacer dans ces régions sans se faire agresser, comme des marchands ou autres, alors que des Européens seraient considérés avec suspicion et probablement assassinés. Les plans de Montgomerie étaient d’employer des Pachtounes pour explorer l’Hindu Kush, la vallée de l’Oxus et le Turkistan oriental ; alors que pour découvrir le Tibet sa préférence allait vers les Bhutia et autres peuples des hautes vallées de l’Himalaya. (…)
Il rencontra des difficultés en formant ces hommes et les déceptions furent nombreuses. Sur six ou huits hommes formés pendant des années, seuls deux ou trois se révélaient être de bons observateurs. (…) Néamoins, ils pénétrèrent à Lhassa et jusqu’aux lacs tibétains d’un côté et dans les régions inexplorées du Haut Oxus de l’autre. A leur retour, les observateurs remettaient leur travail brut à Montgomerie (…) qui finalisa une série de rapport à la valeur inestimable. (…)
Il intégra la Société Royale Britannique en 1872. Il travailla officiellement pour la dernière fois en 1875, représentant sa Majesté au Congrès Géographique de Paris. Mais son intense carrière avait raccourci son espérance de vie. Il sembla ne jamais s’être vraiment remis après son retour en Angleterre. Il mourut à Bath le 31 janvier 1878, laissant une veuve et trois enfants. (…) >>
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Illustrations Tombe de Thomas George Montgomerie à Bath © Philippe, Marseille.