Qu’on y arrive par le Col du Galibier, le Tunnel du Fréjus, l’Iseran, la Madeleine, la Vallée de la Maurienne offre au visiteur de nombreuses surprises. Dans cette série d’articles, nous remonterons la vallée depuis son entrée à Aiton jusqu’au sommet du Col de l’Iseran. Quelques 130 kilomètres pendant lesquels nous nous écarterons de l’axe principal pour aller à la chasse aux découvertes.
Aiton, sa prison et son « bagne »
Lorsqu’il arrive au cœur de la Savoie par l’autoroute, le visiteur se retrouve face au choix. La Tarentaise et le Beaufortain à gauche, Milan et l’Italie à droite. En faisant le choix de l’Italie, on s’engage dans la vallée de la Maurienne, et on délaisse l’Isère pour rouler le long de l’Arc. Alors que le virage n’est pas tout à fait terminé, on observe un bâtiment imposant sur la gauche de l’autoroute. Une prison de plus de 400 places à l’histoire un peu particulière.
Avant son ouverture, elle avait été utilisée en guise d’hébergement. En 1992, Albertville – tout proche – organisait ses Jeux Olympiques d’Hiver. Les pénuries de logement dans la région nécessitaient alors d’être créatifs. C’est ainsi que des membres des forces de l’ordre ainsi que des chauffeurs de bus furent logés dans cette prison ; quelques mois avant que des détenus ne prennent leur place. Le bâtiment était terminé, l’enseigne « centre pénitentiaire » trônait déjà sur la façade austère. Les Jeux Olympiques d’Hiver de 1992, fort accélérateur du développement de la Tarentaise, ne pénétrèrent plus avant dans la Maurienne. La Vallée ne gagna son autoroute qu’en 2000. Et elle dut principalement sa construction à l’axe stratégique de liaison avec l’Italie. L’A43 fait aujourd’hui gagner près de 20 minutes à l’automobiliste qui roule entre Aiton et Modane. Elle transporte bon nombre de touristes vers les villages et stations de la vallée.
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Sur les hauteurs d’Aiton, un fort du XIXème domine. Surplombant la confluence de l’Arc et de l’Isère, le Fort d’Aiton s’est fait connaître du grand public dans les années 1960. Au lendemain de la guerre d’Algérie, cette « unité disciplinaire » de l’armée accueillait des militaires peu prompts à entrer dans le rang sans se faire remarquer. De nombreux témoignages rapprochant les conditions de vie au Fort à de l’esclavage conduisirent ce dernier à la fermeture au milieu des années 1970. Il était le pendant métropolitain des « bagnes militaires » en activité dans les colonies françaises. Aujourd’hui racheté par la commune d’Aiton, il a été largement transformé et son Histoire semble bien lointaine.
A la sortie d’Aiton, un terminal intermodal permet aux camions de prendre le train. Si on reste sur l’autoroute, on passe Aiguebelle sans s’en apercevoir. Cité florissante au cœur des 30 glorieuses, sa puissance hydroélectrique permettait de faire vivre des usines de métallurgie. Sur une population d’un millier d’habitants, plus d’un tiers étaient employés par cette industrie. Le ralentissement de l’économie fut fatal à cette activité, fermée dans les années 1990.
Les Hurtières et leur passé minier
En continuant sa route, le visiteur pénètre dans les Hurtières. S’il quitte l’autoroute, il peut ainsi entrer au pays du fer. Plus importante mine de Savoie, son exploitation remonterait au XIIIème siècle, peut-être même à l’antiquité. Il se dit même que Durandal, l’épée légendaire de Roland – ce personnage de la littérature médiévale – fut forgée avec du fer des Hurtières. Mais c’est dans la deuxième moitié du XIXème que la Compagnie Schneider du Creusot commença à faire tourner cette mine. Elle alimentait notamment certaines activités d’Aiguebelle. Mais d’autres mines de fer, notamment en Lorraine, réussissant par de nouveaux procédés à réduire drastiquement leurs coûts de production, la mine des Hurtières fut condamnée. Exploitée un temps pour d’autres minerais (cuivre, plomb…), la mine ferma ses portes dans les années 1930 lors de l’effondrement des prix du cuivre.
A voir : le Musée du Grand Filon permet de mieux comprendre cette époque. On peut même visiter les souterrains de la mine. St Georges d’Hurtières. Plus d’infos…
Le tour de la Lauzière
Face à ces mines, le Massif de la Lauzière pointe son nez. Peu de gens connaissent ces montagnes. Et pourtant, ces quelques 10.000 hectares sont en grande partie classés en site Natura 2000. Le Tétras-Lyre, le lynx ou le Panicot des Alpes y vivent paisiblement. De nombreuses randonnées sont réalisables dans ce massif, à commencer par le Tour de la Lauzière qui se réalise en une petite semaine.
A faire : le Tour de la Lauzière [télécharger le topo détaillé]!
St François Longchamp et la Madeleine à vélo
Depuis certains sommets de la Lauzière, on aperçoit les pistes de St François Longchamp et le Col de la Madeleine. Relié à Valmorel, le domaine de St François Longchamp totalise quelques 165 kilomètres de pistes et 50 remontées mécaniques. Depuis le Col de la Madeleine, on peut skier en Maurienne ou basculer en Tarentaise. En été, les skis laissent la place aux vélos. Passage mythique du Tour de France, le col de la Madeleine représente une montée de près de 19 kilomètres (depuis La Chambre) et quelques 1.500 mètres de dénivelé. A quelques mètres près, le col culmine à 2.000 mètres d’altitude.
A faire : la montée du col en vélo. Certains jours, la route est réservée aux cyclistes. Renseignez-vous !
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Illustrations © Prison d’Aiton : Matthieu Riegler / Aiguebelle : B. Brassoud / Mine : Le Grand Filon / St François Longchamp et Lauzière : Florian Pépellin / Carte : IGN