218 avant J-C. Mois de mai. Une armée quitte l’actuelle Espagne et se dirige vers Rome. A sa tête, Hannibal Barca, général carthaginois. Il doit faire vite pour affaiblir les Romains avant que ces derniers n’attaquent Carthage (dans l’actuelle Tunisie). Son armée est impressionnante. Près de 100.000 hommes (dont près de 10.000 à cheval), et une petite quarantaine d’éléphants de guerre. Après la traversée des plaines gauloises, les troupes et les éléphants d’Hannibal se heurtent à un délicat passage : les Alpes.
Des troupes affaiblies
La barrière montagneuse n’est pas une mince affaire. A son arrivée dans la Plaine turinoise, Hannibal fait le compte. Les éléphants ont survécu mais il ne lui reste que 20.000 hommes, dont 6.000 à cheval. Il faut comprendre qu’entre la péninsule ibérique et le pied des alpes, des milliers de fantassins avaient déjà quitté cette épopée (déserteurs, morts, malades…). Il faut dire que l’armée d’Hannibal n’était pas la bienvenue sur son passage et que sa progression se faisait au prix de nombreuses vies. En arrivant au pied des Alpes, ils n’étaient déjà plus que 38.000 !
Si Tite-Live ou Polybe rapportent avec précisions de nombreux éléments sur ce long trajet et les batailles qui suivirent, ils ne disent pas grand-chose de la traversée des Alpes. Du moins rien qui puisse nous permettre de savoir avec exactitude quel itinéraire a été emprunté par cette armée. Seule certitude, Hannibal aurait reçu de l’aide des Allobroges. Ce peuple gaulois réside à cette époque sur un vaste territoire, de l’Isère à la Savoie en passant par les rives du Léman. Ce sont eux qui fournirent à Hannibal des vivres et de quoi réchauffer les troupes.
Isère ou Durance ?
Les fantassins, cavaliers et éléphants d’Hannibal suivent ensuite un cours d’eau. Si Tite-Live cite nommément la Durance, Polybe ne dit rien et certains chercheurs penchent pour l’Isère. De nombreux itinéraires semblent alors possibles. Les auteurs confirment le harcèlement de l’armée par certaines populations, notamment dans certains passages étroits et encaissés. Les pertes sont lourdes et les troupes s’épuisent. La montée continue, elle dure environ 9 jours au cœur de la montagne. Et les hommes d’Hannibal arrivent enfin à un Col.
Quel Col ?
En suivant le Rhône, les troupes auraient pu franchir le Col du Grand St Bernard, dans la Suisse actuelle. Pour autant, par cet itinéraire les distances sont grandes et assez incompatibles avec certains récits. La Vallée de la Tarentaise pourraient avoir été un point de passage avec le Col du Petit St Bernard, et une descente dans le Val d’Aoste. Ce col est l’un des passages les plus bas de la région (2.188m) mais quelques incohérences historiques demeurent.
La Vallée de la Maurienne est peut-être une autre option, avec le Col du Mont-Cenis, le Col du Clapier ou celui de Savine-Coche qui permettent de redescendre dans le Val de Suse. De ces 3 options, seul celui de Savine-Coche semble le plus pertinent pour un passage des éléphants d’Hannibal. En cause notamment, la vue depuis le col de la plaine du Pô citée par les auteurs. Vous aurez beau la chercher au Mont Cenis, vous ne la trouverez pas !
D’autres options sont également évoquées, plus au Sud. Sur les hauteurs de la Durance, certains historiens ont proposé le Col de Montgenèvre, un des cols les plus accessibles des Alpes. Route commerciale depuis l’antiquité, le col ne coche pas toutes les cases mais c’est un prétendant sérieux. Le col de Malaure mais surtout celui de la Traversette sont également plébiscités.
Sur ce dernier, des études ont montré la présence anormale de quantités de matières organiques datées au carbone 14 de l’époque d’Hannibal. Elles pourraient signifier le passage de nombreux animaux à cette période. D’autres idées ont germé dans l’esprits des historiens, comme des passages par l’Ubaye.
Au final, si les cols de Montgenèvre et de la Traversette semblent sortir du lot, personne n’est capable d’affirmer quel itinéraire a été emprunté par Hannibal.
La descente côté italien n’est pas simple. Les auteurs parlent d’un éboulement qui rendit la route impraticable. Il leur faudra plusieurs jours pour ouvrir le passage aux éléphants. En octobre, première bataille (Bataille du Tessin) où Hannibal l’emporte sur Rome. Il continue sa route pour affronter à nouveau les Romains sur le champ de bataille de la Trébie (un affluent du Pô). C’est en décembre et la bataille est violente. Rome est écrasée mais les pertes pour Hannibal sont importantes. C’est ici que ses derniers éléphants d’Hannibal laisseront la vie.
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