Au cœur de la seconde guerre mondiale, des réflexions sont menées sur le développement des sports d’hiver. C’est Guillaumes Desmurs qui le raconte, dans Une histoire des stations de sports d’hiver, qui parait le 16 novembre aux Editions Glénat.
Acteurs principaux de cette histoire : Laurent Chappis, architecte et urbaniste venu de Chambéry, et Maurice Michaud, ingénieur des Ponts et Chaussées en poste en Tarentaise. En 1943, les deux hommes se rencontrent dans un Oflag en Autriche. Derrière les grilles de leur camp de détention, entre deux tentatives d’évasion, ils partagent leurs idées d’infrastructures au cœur des Alpes. Ils évoquent notamment une « fantastique remontée mécanique en ligne droite reliant Saint-Michel de Maurienne à Bozel ». Un projet qui n’a jamais vu le jour mais qui survolait les sites aujourd’hui mondialement connues sous le nom de « Trois Vallées ».
L’idée d’une station dans chacune des vallées était bien au rendez-vous dans ces premiers travaux. Des documents en partie perdus lors de la « débâcle provoquée par l’arrivée des troupes russes » quelques mois plus tard. Ce sont ces premières réflexions, menées dans des circonstances inédites, qu’évoque Guillaume Desmurs dans son ouvrage. Il s’intéresse à cette période de « naissance des stations modernes ». Mais aussi à l’âge d’or des stations et à leurs avenirs possibles.
Histoire des stations : la suite des projets de Chappis et Michaud
Mais revenons à Chappis et Michaud. Ils n’en restèrent pas là. Le premier contribua à de nombreux projets de stations. Il dessina notamment une station aux Tovets (l’actuelle Courchevel 1850) et offrit ses services aux projets de Chamrousse, des Sept Laux, dans les Vallée des Belleville et plus tard à Flaine et surtout au-delà des frontières hexagonales. C’est bien souvent à l’étranger que sa vision fut plus facilement acceptée. Car il défendait une approche de l’urbanisation en montagne pas toujours en ligne avec ce qu’envisageaient les autorités françaises d’alors.
Michaud, lui, devint un acteur majeur des politiques de l’Etat en matière de développement de la montagne. Il prit ainsi les rênes dans les années 1960 du Plan Neige de l’Etat français. Il coordonna les réflexions présidant au lancement de la construction de plusieurs dizaines de stations nouvelles ainsi qu’à la rénovation de nombreuses stations anciennes. Les Arcs ou La Plagne naquirent ainsi à cette époque. Entre leurs premiers échanges dans les camps de la seconde guerre mondiale et la suite de leurs carrières, l’amitié entre les deux hommes fut vivement malmenée par leurs conceptions très différentes de la montagne. Celle de Chappis, l’artiste passé par les Beaux Arts, inspirée par la nature. Et celle de Michaud, l’ingénieur, mue par les équipements et les kilomètres de routes asphaltées. Deux amis devenus ennemis au fur et à mesure du développement des sports d’hiver en France.
Une histoire des stations de sports d’hiver, Guillaume Desmurs, Editions Glénat, 25,95 € | Disponible en librairie et en commande en ligne.
Illustration © Glenat