Au cours des trois dernières décennies, Claude Marthaler a parcouru le monde sur son vélo. Ses destinations de prédilection ? Les montagnes. Des Alpes à l’Himalaya, des Andes au Pamir, les terrains plats ne semblent pas intéresser celui qui se définit comme un écrivain cyclonaute. « Amis de longue date, le vélo et la montagne ont fait partie de tous mes voyages » écrit-il en avant-propos de Voyages Sellestes. Cet ouvrage est paru début janvier 2020, aux Editions Glénat. C’est déjà le dixième livre de l’auteur, toujours inspiré par ses pérégrinations cyclistes.
Ce coup-ci, nous suivons Claude Marthaler sur la Pamir Highway, au Tibet oriental ou au cœur des Rocheuses américaines. Trois ambiances bien différentes abordées à vélo. Une forme de voyage propice aux rencontres, à l’inattendu, aux belles surprises… « Le voyage à vélo requiert de l’effort, étire le temps, mais suggère la possibilité du changement. Prendre le temps, l’habiter, pleinement. Il faut parfois se lancer, en toute insouciance, et les planètes s’alignent d’elles-mêmes. Les choses les plus importantes dans la vie se passent de volonté et adviennent lorsqu’on s’y attend le moins » écrit l’auteur.
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Du Pamir au Tibet en passant par les Rocheuses
Sans jugement, Marthaler raconte, questionne parfois. Et il ne sera pas uniquement question de beauté des montagnes et de joie de pédaler. Aux confins du Tadjikistan, des soldats « à la jeunesse volée » se morfondront dans leur « dénuement et leur solitude sidérale ». Des « carcasses de tanks russes » marqueront l’entrée en Afghanistan, puis ces « hameaux où les paysans luttent à armes inégales contre crues, tempêtes de sable et tremblements de terre » ponctueront le parcours. Entre le Sinkiang chinois et l’Asie centrale, nous nous arrêterons sur les bords de la « route du plastique », pour les produits qu’on y transporte et les déchets qu’on y trouve. Dans le Colorado, nous découvrirons la station de Breckenridge, qui « a littéralement tondu ses forêts pour tracer ses pistes de ski : la ruée vers l’or, encore, blanc désormais. ».
Au Tibet, on se heurtera de front à l’Empire du Milieu. A « Rongpacha, des touristes chinois photographient des danses tibétaines sans le moindre respect ». Plus loin, on entrera dans la « cité monastique de Kirti, autrefois forte de trois mille lamas, aujourd’hui quasiment vide », vestiges de révoltes antichinoises qui s’étaient soldées par une violente répression. Démonstration s’il en est, du recul de la culture tibétaine, repoussée par l’hégémonie chinoise.
Voyages Sellestes, Les montagnes du monde à deux roues, Claude Marthaler, Ed. Glénat, 19,95 € | Commander ici
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