Luc Boisnard est chef d’une entreprise de travaux sur corde en banlieue de Laval (Mayenne). Ce passionné d’outdoor dresse son portrait dans un récit d’expédition hors du commun. L’expédition, la forme du récit, le personnage : tout est hors du commun. Il le dit lui-même « je me suis construit sur la désobéissance et les frustrations (…) disons le mot, j’étais atypique ». Atypique dans sa jeunesse, Luc Boisnard l’est resté, avec sa boucle d’oreille et ses chemises à fleurs en réunions de grands patrons.
Au fil de son ouvrage, le sémillant chef d’entreprise livre ses conseils de management. Pas toujours très conventionnels, jugez plutôt : « soyez poète (…) ouvrez vos chakras de la variation (…) la décision finale tient de l’irrationnel ». Les recommandations formulées par Luc Boisnard ponctuent ce livre qui est, comme son auteur, hybride. Pas seulement récit d’expédition, ces pages sont « tout à la fois l’histoire d’une vie, un manuel de management et une tribune engagée pour la protection de l’environnement » commente le champion olympique Tony Estanguet dans la préface du livre.
Mais quelle expédition ?
Cet alpiniste amateur rêve de sommets mais il ne cache pas non plus sa conscience écolo. Il décide donc de mixer les deux approches dans une mission de dépollution du toit du monde. Ce ne sera pas la première expédition du genre, mais la première française : « Aller faire l’ascension de l’Everest par la voie normale n’avait rien de pionnier. La dépolluer, en revanche, si ! ». Alors Luc Boisnard met le cap sur l’Everest bien décidé à redescendre quelques sacs poubelles. Quelques sacs ? C’est près d’une tonne de déchets que les sherpas qu’il avait engagés ont aidé à redescendre.
Donneur de leçons hétéroclites, patron à qui tout réussit, homme sûr de lui, certains pans de l’autoportrait que dessine l’auteur pourront irriter certains lecteurs. Mais qu’ils aillent jusqu’au bout. Ils découvriront alors un personnage plus complexe. Qui n’hésite pas à parler des difficultés traversées à son retour de l’Everest, sa dépression post-partum à lui. Qui parle de sa « part féminine » et de ses idées sur l’entreprise de demain. Les liens qu’il tisse entre « le monde des affaires (…) et la haute altitude » sont nombreux. Cette grille de lecture du management d’aujourd’hui ne manque pas de fraîcheur, comme les pentes du glacier du Khumbu, au pied de l’Everest. Son auteur vaut le détour. Nul doute qu’il ne laissera pas le lecteur indifférent.