Nous célébrons cette saison les 75 ans de l’expédition française à l’Annapurna. En 1950, un groupe de Français réalisa la toute première ascension de l’Annapurna. Ce faisant, le drapeau tricolore fut le premier à flotter sur un sommet de plus de 8.000 mètres. Au sommet se dressèrent Louis Lachenal et Maurice Herzog, au terme d’une épopée qui fit couler beaucoup d’encre. Voici 5 choses que vous ne savez peut-être pas sur cette expédition de 1950 !
1. Une autre montagne ciblée.
Quand l’expédition démarre, deux montagnes sont visées. Les premières reconnaissances portent d’ailleurs sur l’autre sommet : le Dhaulagiri. Les alpinistes se scindent alors en petits groupes pour explorer différents versants de la montagne. Quand ils se rejoignent, ils sont unanimes, il sera difficile de gravir ce fameux Dhaulagiri. D’autres se diront la même chose les années suivantes. A l’exception du Shishapangma, située en Chine et non ouvert aux grimpeurs étrangers à l’époque, le Dhaulagiri est le dernier 8.000 à avoir été gravi. C’était en 1960 ! Dix ans après la première à l’Annapurna.
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2. L’Annapurna n’est pas le seul 8.000 français !
Dans la foulée de la réussite française à l’Annapurna, les autres nations de grimpeurs vont tour à tour gravir les autres 8.000. Les Anglais à l’Everest, les Italiens au K2 ou encore les Suisses au Lhotse et les Japonais au Manaslu. Mais les Français ne s’en sont pas tenus à l’Annapurna. En mai 1955, Jean Couzy et Lionel Terray réussissent la toute première ascension du Makalu, 8.485 mètres d’altitude. Les deux hommes faisaient déjà partie de l’aventure à l’Annapurna en 1950 mais n’étaient pas allé au sommet.
3. Le Best-seller d’Herzog.
Au retour de son expédition, Maurice Herzog publie Annapurna, premier 8.000. Sorti en 1951 et traduit en 40 langues, il se vend à plus de 10 millions d’exemplaires. Un record pour ce type de livre. L’ouvrage de Louis Lachenal, Carnets du vertige, ne connaitra pas le même succès. 750.000 exemplaires tout de même. Lors de sa publication en 1956, après la mort de l’auteur dans une crevasse de la Vallée Blanche, il est tronqué de plusieurs passages par Lucien Devies. La version complète sera finalement publiée 40 ans plus tard. Elle tente de rétablir le rôle de Lachenal dans cette aventure, largement occulté par le récit d’Herzog et la couverture de presse de l’époque, notamment par Paris-Match.
4. Herzog illuminé.
Lachenal écrit : « il était illuminé. Marchant vers le sommet, il avait l’impression de remplir une mission (…). Moi, je voulais avant tout redescendre, et c’est justement pourquoi je crois avoir conservé la tête sur les épaules. (…) Je savais que mes pieds gelaient, que le sommet allait me les coûter. (…) Pour moi, je voulais donc redescendre. J’ai posé à Maurice la question de savoir ce qu’il ferait dans ce cas. Il m’a dit qu’il continuerait. Je n’avais pas à juger de ses raisons ; l’alpinisme est une chose trop personnelle. Mais j’estimais que, s’il continuait seul, il ne reviendrait pas. C’est pour lui et pour lui seul que je n’ai pas fait demi-tour. Cette marche au sommet n’était pas une affaire de prestige national. C’était une affaire de cordée ». Un point de vue qui n’était pas partagé en 1950 quand par trente fois Herzog raconte son aventure devant une Salle Pleyel comble.
5. Des doutes sur le sommet.
Les photos du sommet ne sont pas prises au sommet et le goût français pour la polémique ont suffi à alimenter des doutes sur la réussite de l’expédition. Sont-ils vraiment allés au sommet ? Plusieurs enquêtes, notamment par le Groupe de Haute Montagne en 2013 confirment la version officielle. Les détails donnés par Lachenal à l’époque collent aux images de l’arête sommitale dont nous disposons aujourd’hui. « Lachenal et Herzog ont dit qu’ils étaient allés au sommet parce qu’ils y sont allés » concluait Jean-Jacques Prieur, secrétaire du GHM, à l’issue de son enquête.
Illustration (c) CC0 – Altitude