La quatrième expédition à l’Everest, en 1933, n’est pas restée célèbre dans l’histoire de l’himalayisme. Elle fut pourtant singulière à bien des égards.
Les trois premières expéditions à l’Everest ont eu un certain retentissement. La première reconnaissance de 1921, puis les tentatives d’ascension de 1922 et 1924 sont connues pour leur triste bilan. Au total 13 morts dont la mythique disparition de Mallory et Irvine. Elles ont surtout permis d’arriver à des altitudes jamais atteintes jusque-là. Entre ces 3 expéditions britanniques et les années 1950 – qui verront la première ascension victorieuse du toit du monde – il s’est passé pas mal de choses. Une des expéditions notables est celle de 1933.
Une quinzaine de membres, tous Britanniques, et le double de sherpas. Toujours et encore sur le versant tibétain. A la tête de cette entreprise, Hugh Ruttledge. Haut fonctionnaire en poste aux Indes et alpiniste à ses heures. Il avait notamment participé à plusieurs explorations autour de la Nanda Devi. L’expédition n’atteindra pas son but, notamment à cause d’une mousson précoce cette année-là et d’un leadership fragile, mais pourra se vanter de plusieurs succès qui contribueront sans aucun doute à la future ascension réussie de 1953.
Everest 1933 : Acclimatation et pas d’oxygène !
Ce fut ainsi l’une des premières expéditions qui mit autant l’accent sur l’acclimatation à la haute altitude. De « sorte qu’au moment de l’assaut final, ils étaient presque tous en forme, situation inédite sur l’Everest. » pouvait-on lire dans l’American Alpine Journal de l’époque. Et les grimpeurs purent se passer du précieux gaz en bouteilles jusqu’à une altitude qui restera un record jusqu’à l’ascension de Messner et Habeler en 1980. L’expédition avait bien prévu un stock d’oxygène, mais il ne fut pas nécessaire de l’utiliser. Autre spécificité : des prévisions météo plus précises que lors des expéditions passées, reçues depuis Calcutta, apportèrent des indications précieuses.
Deux tentatives furent réalisées sur la partie supérieure de la montagne. Par le duo Wager/Wyn-Harris puis par Frank Smythe. A deux ou seul, ils ne parvinrent pas à dépasser l’altitude de Norton, atteinte en 1924. Suite à cette expédition, la direction de Ruttledge sera vivement critiquée, les difficultés à se décider sur certains sujets clés, comme l’emplacement des camps, étant citées en exemple. Contrairement aux précédentes tentatives, tous les membres de l’expédition rentrèrent sains et saufs. Un « détail » qui contribuera sans doute à lui confier une nouvelle tentative à l’Everest en 1936.
Illustration © ZZjlamb, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons