par 1951, après le succès à l’Annapurna l’année précédente, une nouvelle expédition française s’organise en Himalaya. Elle cible la Nanda Devi faute de pouvoir entrer au Népal ou au Tibet.
Après la tentative sur le Hidden Peak en 1936 et le succès retentissant à l’Annapurna en 1950, les Français sont de retour en Himalaya en 1951. Ils mettent le cap sur le sanctuaire de la Nanda Devi, célèbre montagne indienne de presque 8.000m. L’objectif est une traversée du sommet ouest (7.816m) au sommet est (7.434m). Une entreprise délicate tant la montagne est méconnue et l’altitude significative. Roger Duplat, du Club Alpin Lyonnais dirige l’expédition. Louis Gevril le seconde. Alain Barbezat, Louis Dubost, Paul Gendre, Jean-Jacques Languepin, Louis Payan et Gilbert Vignes complètent l’équipe. Une équipe renouvelée par rapport à l’Annapurna, histoire notamment de développer l’expérience française en Himalaya. Des sherpas complète la troupe. On trouve notamment un certain Tenzing Norgay, il sera avec Ed Hillary le premier homme au sommet de l’Everest deux ans plus tard. Le camp de base de la Nanda Devi est atteint mi-juin 1951.
L’arête de la Nanda Devi n’est pas anodine, près de 3 kilomètres à plus de 7.000 mètres d’altitude qui laissent peu de place à un demi-tour. Mieux vaut réussir. Des camps sont rapidement installés sur les sites utilisés lors de l’expédition de 1936 d’Odell et Tilman sur l’arête sud du sommet ouest. A l’opposé, sur les contreforts du sommet est, on installe d’autres tentes en prévision de la fin de la traversée.
Duplat et Vignes disparaissent
Roger Duplat et Gilbert Vignes sont choisis pour effectuer la traversée. Le 27 juin, les deux hommes montent au Camp 2 avec deux sherpas. Le lendemain, ils ouvrent un camp 4 à 7.200 mètres environ. Les sherpas, malades, redescendent avec un mot des deux hommes à l’attention du reste de l’équipe. Ils annoncent qu’ils se lancent et que l’équipe peut remballer le dispositif sur le sommet ouest. Ils sont aperçus depuis le Camp 3 montant vers le sommet. Puis plus rien. Le 30 juin, Louis Gevril, soucieux, monte vers le Camp 4. Il ne trouve aucune trace de ses compagnons. De l’autre côté de la montagne, l’équipe est prête à accueillir les deux alpinistes.
Louis Dubost et Tenzing Sherpa montent à leur rencontre. Mais personne n’arrive. Le 6 juillet, après plusieurs jours à chercher leurs camarades, ils atteignent le sommet Est. Ils redescendent au pied du sommet mais les nouvelles ne sont pas bonnes. Duplat et Vignes ne sont pas redescendus de l’autre côté. Ils ne sont nulle part et ne reparaitront jamais plus. L’expédition prend fin. Les deux hommes ont pu chuter, entrainés vers la mort par une corniche de neige. Encore aujourd’hui, ce n’est qu’une hypothèse. « Comme Mallory et Irvine sur l’Everest, comme tant d’autres sur les chemins de crête escaladant le ciel, Duplat et Vignes paraissent s’être volatilisés. » peut-on lire dans Le Monde du 19 juillet 1951. Les deux hommes avaient respectivement 32 et 24 ans.
Le film de l’expédition de 1951 à la Nanda Devi
Jean-Jacques Languepin a tourné le film ci-dessous pendant l’expédition. Il écrira aussi le récit de cette aventure sous le titre « Himalaya, passion cruelle ».
Illustration – Nanda Devi © DR
