par En 1982, l’expédition à l’Everest impliquant Boardman et Tasker tourne à la tragédie.
Parmi les grimpeurs de légende, il en est deux que l’Histoire a largement oublié. Peter Boardman et Joe Tasker formaient pourtant un duo d’exception, capable de réaliser des ascensions d’anthologies notamment en Himalaya. Les deux hommes se rencontrent en montagne, dans le massif du Mont-Blanc au début des années 1970. Ils prennent part à plusieurs expéditions chacun de leur côté, mais bien vite, ils font équipe ensemble.
Le duo britannique Boardman et Tasker
C’est ainsi qu’ils se lancent en 1976 dans l’ascension du Changabang. Sur ce « presque 7.000 » du Garhwal (Himalaya indien), ils passent plus de 3 semaines à se battre contre le mur ouest et parviennent à le gravir. Boardman s’était déjà fait connaître l’année précédente sur l’Everest mais cette première sur le Changabang est encore plus incroyable de technicité. Deux ans plus tard, les deux hommes sont invités par Chris Bonington pour son expédition au K2. L’aventure tourne court après une avalanche meurtrière.
Mais Bonington, Tasker et Boardman se retrouvent sur un autre 8.000, le Kangchenjunga, en 1979. Ils réalisent la première ascension de ce sommet par l’arête nord. Puis une nouvelle première sur le Kongur et ses 7.719 mètres en 1981. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Alors quand la Chine accepte d’ouvrir son versant de l’Everest aux expéditions étrangères, ils sont au rendez-vous. En 1982, ils filent vers le toit du monde.
Cap sur l’Everest
L’expédition réunit Boardman et Tasker. Mais aussi Chris Bonington et Dick Renshaw. Arrivés au camp de base mi-mars 1982, l’équipe ne tarde pas à prendre de la hauteur. Semaine après semaine ils avancent en direction du sommet via l’arête nord-est. Ils creusent des grottes dans la neige pour s’abriter et bivouaquer. Une première à 6.850m, la suivante à 7.250m, la troisième à 7.850m. Renshaw se sent mal et victime de ce qui s’apparente à un AVC, il renonce à l’expédition.
Chris Bonington ne se sent pas de continuer par cette voie, craignant de ralentir les deux autres. Il préfère rejoindre la voie normale, via le Col Nord où il espère attendre Boardman et Tasker et les soutenir en cas de besoin. Entre la troisième grotte et le sommet, trois petits sommets (« Three Pinnacles ») sont à franchir. A l’époque, c’est l’un des défis majeurs de l’alpinisme, personne n’a jamais gravi ce passage. Les deux Britanniques se lancent vers ce passage délicat.
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Les dernières heures de Boardman et Tasker
Le 17 mai, ils sont aperçus vers 21h entre le « Pinnacle #1 » et le « Pinnacle #2 ». Cela fait alors 14 heures qu’ils avancent depuis la dernière grotte. Ce jour-là, les deux hommes ne répondent pas aux appels radio. Dans le récit de son expédition, Bonington fait l’hypothèse qu’ils « étaient trop absorbés par l’escalade ou que peut-être que leur talkie-walkie était HS ». Rapidement ils basculent dans une zone où ils sont invisibles depuis la voie suivie par Bonington. Mais alors qu’ils auraient dû reparaitre le lendemain en continuant vers le sommet : rien.
Ce qui se produit ensuite est incertain. Quatre jours plus tard, sans aucune nouvelle des deux hommes, Bonington atteint la vallée de Kangshung pour tenter d’apercevoir une trace des deux grimpeurs. En vain. Et « pourtant, nous n’avions pas perdu espoir. Alors que nous roulions pour revenir au camp de base, je parvenais presque à me convaincre que j’avais mal interprété la situation et que Pete et Joe seraient là, riant à notre réponse paniquée à leur disparition ». Boardman avait 31 ans, Tasker 34. Une expédition de 1992 trouvera le corps de Boardman. Celui de Tasker n’a jamais été retrouvé.
Illustration – tracé approximatif de l’expédition de 1982 © DR
