En 1982, deux alpinistes vont se retrouver coincés pendant 13 jours sur le Mont Cook. 13 jours qui tiendront en haleine le public néo-zélandais qui s’était « passionné » pour cette histoire.
L’Aoraki ou Mont Cook est le point culminant de Nouvelle-Zélande, avec ses 3.724 mètres d’altitude. Il a été gravi pour la première fois à la fin du XIXème siècle. Sa voie normale cotée 3 sur une échelle néozélandaise qui compte 7 niveaux n’est pas particulièrement ardue. Pour autant, le Mont Cook au cœur du massif des Alpes du Sud, est un vrai territoire de haute montagne. Et parfois cet univers peut se révéler très hostile. C’est la dure expérience que deux grimpeurs vont faire en novembre 1982.
Mark Inglis et Philip Doole sont secouristes en montagne et sont partis vers le sommet du Mont Cook pour une course d’entrainement. En arrivant au sommet, ils constatent que la météo semble se dégrader très vite. Ils sont partis légers, sans vêtements de rechange, réchaud, sac de couchage et avec très peu de nourriture. Ils comptaient bien être de retour le jour même dans la vallée.
La tempête au sommet el la retraite dans un abri
A la vue de cette tempête en préparation, les deux hommes se précipitent dans la descente. Très vite la violence du vent leur fait comprendre qu’ils n’iront pas bien loin. Ils finissent par élire domicile dans une grotte de neige au niveau du Middle Peak, une antécime du Mont Cook située sur la voie permettant de s’échapper. Quand Don Bogie, leur collègue, apprend que les deux sont coincés en montagne, il n’est guère catastrophé. Passer une nuit en montagne reste faisable, surtout pour des grimpeurs expérimentés qui sauront trouver un abri adéquat.
Mais les jours passent et la météo ne s’améliore pas. C’est une chose de tenir une nuit en montagne, c’en est une autre de survivre une semaine ou plus. Au bout de quelques jours, une courte éclaircie permet à un hélicoptère de réaliser un vol de reconnaissance. Les refuges et tous les lieux où ils pourraient s’être cachés sont progressivement vérifiés. Personne.
Les deux hommes pourraient bel et bien être morts au milieu de cette tempête. Mais pour les sauveteurs connaisseurs du Mont Cook, pas question de croire à cette hypothèse. Il ne reste qu’une seule option qu’ils n’ont pas eu le temps de vérifier. Le Middle Peak. Mais la météo se détériore à nouveau. Dans leur abri, Inglis et Doole faiblissent. Dès lors, ils savent qu’ils ne pourront pas s’en sortir par eux-mêmes. Et que les risques de perdre quelques orteils sont très élevés. Ils remplissent leurs gourdes de neige avant de les placer contre leur corps. Une manière d’obtenir de l’eau efficace mais qui attaque sacrément leur chaleur corporelle et donc leur résistance. Leur abri n’est pas vraiment une grotte, c’est plutôt un tunnel. Le vent souffle et continue de les refroidir. Les températures ne sont pas polaires mais demeurent entre -5 et -10°C avec des extrêmes à -20°C
Les deux grimpeurs repérés
Ce n’est qu’au bout d’une semaine (depuis la disparition des deux grimpeurs) qu’un nouveau vol peut s’opérer. Comme imaginé, Don Bogie trouve ses deux collègues au niveau du Middle Peak. Il leur lance des vivres et une radio. Mais le temps ne permet pas de réaliser un secours. Les médias s’agglutinent au pied de la montagne et le pays entier suit les derniers développements de cette incroyable affaire. Le temps passe et il faut d’urgence secourir le duo. La batterie de la radio a rendu l’âme, on ne sait plus dans quel état ils se trouvent.
Dès que le temps le permet, un hélicoptère décolle mais s’écrase à quelques heures de marche de distance des grimpeurs piégés. Il faut vite sauver l’équipage de l’hélicoptère et la fenêtre météo se referme. Ce crash de l’hélicoptère des sauveteurs qui retardent la prise en charge des disparus, nous ramène à l’hiver 1956-57. Dans le Massif du Mont-Blanc, un accident similaire avait eu lieu lors de la tentative de secours à Vincendon et Henry.
Le dénouement : sauvé du Mont Cook
Le secours peut finalement débuter le jour suivant, après 13 jours piégés dans la montagne. Le sauvetage est périlleux mais impossible de réfléchir plus longtemps, les deux alpinistes sont entre la vie et la mort, affamés, et une partie de leurs extrémités gelées. Mark Inglis a perdu 13 kilos depuis le début de l’histoire. Les deux hommes sont finalement hélitreuillés, tour à tour. La Nouvelle-Zélande, qui retenait son souffle depuis presque 2 semaines, peut à nouveau respirer. Quelques heures plus tard pourtant, le verdict tombe. Ils sont en vie mais leurs pieds sont complètement gelés. Une seule option pour éviter une gangrène fatale : l’amputation. Ils seront tous les deux amputés juste sous les genoux avant Noël 1982.
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