k2 nord-ouest

Il y a 30 ans, deux Français ouvraient l’arête Nord-Ouest du K2 !

Dans les carrières d’alpinistes de Pierre Béghin et Christophe Profit, le K2 par l’arête nord-ouest est une immense réussite. En ce mois d’août 1991, les deux Français vont entrer dans l’histoire de cette montagne en ouvrant une nouvelle voie en style alpin.

En 1979 et 1988, Pierre Béghin tente en vain l’ascension du K2. Sa troisième tentative sera la bonne. En 1991, il y a tout juste 30 ans, il fait équipe avec un autre Français : Christophe Profit. Mais avant d’arriver au sommet le 15 août, la route sera longue pour cette expédition parvenue au camp de base à la fin du mois de juin.

Béghin et Profit à l’école de la patience…

Plusieurs semaines d’acclimatation leur permettent d’explorer la voie jusqu’à 7.000 mètres. Cette voie, c’est l’arête Nord-Ouest. Personne n’est jamais passé par là. Peut-on même y parvenir ? A la fin du mois de juillet, les organismes sont fin prêts. Le 28 juillet, une fenêtre météo semble se dessiner et ils quittent le camp de base. Tout se déroule à merveille jusqu’à presque 7.000 mètres. Mais là, le mauvais temps vient compliquer la donne sur cette arête nord-ouest du K2. Ils finissent par redescendre le 31 juillet. Deux fois encore ils vont se retrouver coincés à 7.000 mètres, forcés de faire demi-tour. Là où d’autres auraient épuisé leur enthousiasme, Béghin et Profit tiennent bon. Quand une nouvelle fenêtre de beau temps s’ouvre le 12 août, ils sont encore d’attaque.

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Mi-août, la bonne fenêtre sur l’arête nord-ouest du K2 !

Comme tant de fois durant les précédentes semaines, ils rejoignent sans encombre leur tente à 7.000 mètres. Et ce coup-ci, les planètes s’alignent. La météo tient bon. Le lendemain, ils peuvent continuer vers le haut, tenter leur chance vers le sommet. Après une bonne partie réalisée de nuit, ils approchent des 8.000 mètres en fin de matinée. Impossible d’imaginer rejoindre le sommet aujourd’hui, il faut installer un ultime bivouac. Le vent revient dans la partie, encore lui. L’abandon est proche mais par chance, la météo se résigne. Après quelques heures de repos le souffle court, ils repartent enfin vers la cime, le vent est posé.

Vers 8.100 mètres, d’immenses plaques à vent barrent le passage. Ces épaisseurs de neige semblent solides, mais elles sont posées dans un équilibre instable sur une couche plus fragile. C’est un terrain particulièrement favorable aux avalanches. Et à cette altitude là, une coulée de neige ne pardonnerait pas. Elle entrainerait à coup-sûr les deux hommes 3.000 mètres plus bas. Faut-il prendre le risque et passer malgré tout ? C’est le choix des deux hommes qui continuent leur ascension, bien conscients de l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes. 35 mètres de cordes les séparent mais que ferait cette corde si une avalanche se déclenchait ?

Tenir jusqu’au sommet

La neige est épaisse et chaque pas est un combat. Abandonner, laisser tomber, se résigner, ils y pensent évidemment. Mais ils vont tenir en continuant leur route sur l’arête nord. Et parvenir au sommet à la tombée de la nuit, peu avant 19 heures (photo ci-dessous). Sans l’aide de sherpas, sans oxygène et sans camps fixes ou cordes du même nom.

Les deux hommes ont réussi à regagner le camp de base. Quelques mois plus tard, Pierre Béghin grimpait sur un autre 8.000, au Népal cette fois. Un accident de rappel lui sera fatal, vers 7.500 mètres d’altitude sur l’Annapurna. Son corps n’a jamais été retrouvé. Christophe Profit lui, a rapidement délaissé les expéditions engagées pour vivre de son métier de guide de haute montagne.

Illustrations © dlr.de CC BY-SA 3.0

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Arnaud P

Passionné par l'univers de la montagne sous tous ses aspects, Arnaud est membre de la rédaction d'Altitude.News ! Originaire du sud de la France, ça ne l'a pas empêché de s'installer un temps en Savoie ! Il écrit des articles dans les catégories : Alpinisme, Rando/Trek, Business et Nature. Pour le contacter directement : arnaud@altitude.news !

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