En 1921, une première expédition de reconnaissance approche de l’Everest et en débute l’ascension. Certains repérages seront clés dans les explorations suivantes, notamment celle de 1922.
Depuis plusieurs décennies les cartographes de l’Empire britannique en sont convaincus, le Peak XV bientôt rebaptisé Mont Everest est le sommet le plus haut de la planète. Qu’attend donc l’humanité pour affirmer sa puissance en gravissant cette montagne ? Et bien dans un premier temps, elle a dû attendre… l’autorisation.
Approcher l’Everest : d’abord, obtenir l’autorisation !
Pendant longtemps, le Népal et le Tibet (l’Everest est à la frontière des deux) refusaient toute incursion de visiteurs étrangers. Les échanges diplomatiques sont nombreux et la puissance britannique dans la région joue un rôle non négligeable pour que le Tibet accepte enfin une première expédition en direction de l’Everest. Cette dernière prend forme au début des années 1920, après plus de dix ans de tractations internationales. Charles Howard-Bury est choisi pour diriger l’expédition. Son objectif premier est la reconnaissance de la région de l’Everest. Rien ne s’oppose à une ascension mais les participants ont l’humilité de considérer qu’atteindre un tel sommet sans rien connaître de la montagne en question reste très hypothétique.
L’équipe n’est d’ailleurs pas adaptée à une véritable ascension, elle ne compte que deux alpinistes expérimentés venus d’Ecosse : Kellas et Raeburn. Mais deux cartographes, un géologue, un naturaliste prennent place dans le groupe. Deux jeunes qui n’ont jamais mis les pieds en Himalaya complètent la caravane, parmi eux un certain George Mallory.
L’équipe Everest 1921 perd ses deux alpinistes expérimentés
Il faut parcourir près de 450 kilomètres depuis Darjeeling pour approcher l’Everest par le Tibet. C’est en chemin que l’équipe commence à être décimée et ses ambitions alpinistiques en premier. A quelques jours seulement d’apercevoir le sommet pour la première fois de sa vie, Kellas tombe malade. Une diarrhée sévère l’empêche de marcher. A 53 ans, il s’affaiblit d’heure en heure, se résolvant à être porté. Son calvaire dure quelques jours avant que la mort ne prenne le dessus. Le premier alpiniste expérimenté de l’équipe, très au fait des problématiques physiologiques liées à la haute altitude, est enterré aux portes du village tibétain de Kampa Dzong. Le second alpiniste, Raeburn n’est pas fier non plus. Lui aussi est victime de dysenterie et doit être évacué. Deux mois d’hôpital lui seront nécessaires pour se remettre sur pieds. L’équipe est donc bien amputée à mesure qu’elle progresse dans les vallées tibétaines.
L’exploration et le Col Nord !
Plus de deux mois sont nécessaires pour arriver à Tingri. Deux mois pendant lesquels la mésentente entre le leader de l’expédition et George Mallory va croissante. Quelques jours plus tard, ce dernier progresse sur le Glacier de Rongbuk avec son acolyte Guy Bullock. Ils aperçoivent le Col Nord de l’Everest mais doutent de pouvoir grimper jusque là. Leur exploration continue et ils ne tardent pas à atteindre un Col qui leur offre une vue parfaite sur le versant népalais. Ils aperçoivent le Glacier du Khumbu emprunté quelques décennies plus tard par les premiers conquérants de l’Everest. Les autres membres de l’équipe ne chôment pas non plus. Les cartographes cartographient pendant que naturaliste et géologue prélèvent des échantillons.
Après cette première phase de reconnaissance, l’expédition se déplace vers une nouvelle vallée, plus à l’Est. Ils peuvent alors observer une autre face de l’Everest, le fameux versant Kangshung (qui ne sera pas gravi avant 1983). A cette époque, Mallory sait qu’ils ne pourront pas passer par là. Les semaines suivantes permettent de déterminer que la voie par le Col Nord semble la seule qui vaille. En septembre, Mallory, Bullock et un des cartographes parviennent à se hisser jusqu’au fameux Col, à un peu plus de 7.000 mètres d’altitude. Au-delà du col, un itinéraire vers le sommet semble se dessiner.
C’est la fin de l’expédition, ils rentrent ! La contribution de cette reconnaissance aux futures expéditions via le versant tibétain est très importante. En 1922, puis en 1924, les expéditions britanniques – fortes de cette reconnaissance de 1921 – s’approcheront de plus en plus du sommet ! Mallory sera de la partie mais disparaitra lors de l’expédition de 1924.
Illustration – Photo de l’expé Everest 1921, au camp de base avancé à 5.250 mètres environ © DR