En avril 1969, l’expédition américaine au Dhaulagiri tourne à la catastrophe. Dès les premiers jours, une première difficulté vient compliquer l’aventure. Quelques jours plus tard, l’expédition s’arrête, suite à une tragique avalanche.
Personne n’avait mis les pieds sur le Dhaulagiri depuis la première ascension de 1960. Ce retour des alpinistes sur la septième montagne du monde s’est fait au printemps 1969. Initialement, l’équipe américaine emmenée par Boyd Everett ciblait le K2. Mais des difficultés administratives les avaient contraints à se rabattre sur le Népal, et plus précisément sur l’arête Sud-Est du Dhaulagiri. Personne à ce jour ne l’avait gravie. Le sommet était une entreprise très ambitieuse. Aussi les membres de l’expédition tablaient plutôt sur une reconnaissance approfondie en vue d’une tentative mieux préparée l’année suivante. Dans l’urgence de l’organisation, l’équipe américaine manquait de sherpas. L’expédition allemande à l’Annapurna avait engagé la plupart des porteurs disponibles.
L’arrivée au camp de base et les premiers dégâts
C’est après la mi-avril que le camp de base est installé à 4.600 mètres d’altitude environ. Dans la nuit du 21 au 22, un des membres de l’expédition montre des signes d’œdème de haute altitude. C’est sa première nuit à si haute altitude durant cette expédition. Al Read finit par perdre connaissance et s’engage alors une course contre la montre. Il faut descendre le malade au plus vite. La caravane s’arrête à mi-chemin de la vallée lorsqu’elle croise des alpinistes qui montent avec du matériel médical et de l’oxygène. Mais ce dernier est consommé en un rien de temps et Read ne va pas mieux. Il faut continuer la descente en portant le malade.
Quelques injections médicamenteuses plus tard et une nouvelle livraison d’oxygène semblent améliorer la situation. Après une nuit sous oxygène à moins de 3.200 mètres, Read semble reprendre vie, il parle à nouveau. Quelques jours plus tard, il est considéré comme sauvé ! Mais l’équipe compte alors un alpiniste de moins.
La suite de l’expédition et la tragique avalanche
Quelques jours plus tard, la plupart des membres de l’expédition sont sur la montagne. Ce 28 avril, deux alpinistes partis en éclaireurs sont rejoints par deux sherpas. Puis par cinq autres grimpeurs américains. Ralentis par le franchissement d’une crevasse, ils entendent un « rugissement (…) rapidement devenu une menace. Nous avions alors un seul instant pour chercher un abri avant qu’il ne consume notre univers » écrira plus tard Louis F. Reichardt. Quand ce dernier se relève une fois la coulée terminée, il s’attend à retrouver ses 7 compagnons, autour de lui. Mais tout a disparu. Une « scène d’une violence indescriptible ». Sur près de 30 mètres de large, l’avalanche a tout submergé.
Reichardt ne doit son salut qu’à une cassure du terrain qui l’a efficacement protégé. La crevasse a été comblée. Après une heure de recherches infructueuses, le survivant débute sa descente. L’avalanche était faite de glace, inutile d’essayer de creuser à la recherche de qui que ce soit, « même les piolets ne pouvaient pénétrer l’immense masse de glace ». Bill Ross, Vin Hoeman, Boyd Everett, Dave Seidman, Paul Gerhard ainsi que Tenzing Sherpa et Pemba Phutar Sherpa. Ces sept victimes ne sont jamais revenues du Dhaulagiri. (Lire le compte-rendu de l’expédition par Al Read, James Morrissey et Louis F. Reichardt – lien en anglais)
Le survivant, Louis F. Reichardt, n’a alors que 26 ans. On pourrait croire que s’être retrouvé au cœur d’une telle tragédie aurait pu refroidir ses ardeurs à gravir les plus hautes montagnes du monde. Que nenni. Entre 1973 et 1983, il prendra part à de nombreuses ascensions impressionnantes : au Dhaulagiri, à la Nanda Devi ou encore au K2 et à l’Everest. Il sera notamment le premier alpiniste à gravir le K2 sans oxygène. Il sera également membre du trio à réaliser la première ascension de la face Kangshung de l’Everest.
Illustrations Dhaulagiri (noir et blanc) © S. Ashmarin CC BY-SA 3.0